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Progrès thérapeutiques

Diabète de type 2 : peut-on vraiment parler de rémission sous traitement ?

Jusqu'ici condamnés à vivre avec la maladie, les diabétiques de type 2 peuvent-ils aujourd'hui connaître une "rémission" grâce à de nouveaux traitements ? Pourquoi Docteur fait le point.

Diabète de type 2 : peut-on vraiment parler de rémission sous traitement ? iStock/joseantona




L'ESSENTIEL
  • Le diabète de type 2 était longtemps considéré comme une maladie irréversible.
  • Avec les nouveaux traitements (GLP-1, tirzépatide), une rémission pharmacologique devient possible : la maladie est contrôlée au point de disparaître des analyses, tant que le traitement est poursuivi.
  • Le suivi reste essentiel, même en rémission.

Pendant longtemps, le diagnostic de diabète de type 2 sonnait comme une condamnation à perpétuité. On expliquait au patient que sa maladie serait « chronique », qu’il devrait apprendre à « vivre avec », et que le meilleur qu’on pouvait espérer était de retarder les complications. La maladie semblait suivre un scénario immuable : un premier comprimé, puis deux, puis trois, et, après quelques années, le passage à l’insuline.

Mais depuis quelques années, ce discours est bouleversé par un mot chargé d’espoir : la rémission. Peut-on, oui ou non, mettre le diabète de type 2 en sommeil, au point de retrouver des analyses normales, parfois pendant des années ?

La question se complique encore davantage avec l’arrivée de nouvelles classes de médicaments : GLP-1, tirzépatide, et bientôt les agonistes triples. Des millions de patients affichent désormais des résultats biologiques parfaits… à condition de poursuivre leur traitement. Alors, s’agit-il d’une vraie rémission ou simplement d’un diabète tenu en respect ?

Une définition officielle très stricte

En 2021, un consensus international réunissant les principales sociétés savantes (American Diabetes Association, European Association for the Study of Diabetes, Endocrine Society, Diabetes UK) a posé des bases claires.

La définition retenue se veut simple :

  • On peut parler de rémission si l’hémoglobine glyquée (HbA1c) est inférieure à 6,5 % pendant au moins trois mois, sans aucun traitement antidiabétique.
  • Cette normalisation peut être obtenue par une perte de poids majeure, une chirurgie bariatrique ou un changement radical du mode de vie.
  • Mais dès qu’un médicament est nécessaire, même à faible dose, le patient reste considéré comme diabétique.

Cette définition a l’avantage de la clarté scientifique. Mais elle paraît de plus en plus en décalage avec les réalités vécues par les patients.

Quand les traitements bouleversent les repères

L’arrivée des analogues du GLP-1 (comme le sémaglutide), du tirzépatide (agoniste double GIP/GLP-1) et bientôt des agonistes triples a profondément changé la trajectoire de la maladie.

Chez des milliers de patients, on observe aujourd’hui une normalisation spectaculaire :

  • L’HbA1c retombe sous 6,5 %, parfois même dans la zone « non diabétique » (autour de 5,5 %).
  • Le poids chute de 10, 15, 20 kilos, parfois plus.
  • La sensibilité à l’insuline s’améliore, les marqueurs cardiovasculaires et rénaux s’apaisent.

Tant que le traitement est poursuivi, la maladie semble avoir disparu. Certaines études montrent même que le risque d’infarctus, d’accident vasculaire cérébral ou d’insuffisance rénale est réduit.

Pourtant, selon la définition officielle, ce n’est pas une rémission. C’est un « contrôle optimal ».

Vers une rémission pharmacologique ?

Plusieurs experts internationaux proposent aujourd’hui de repenser les mots.

On pourrait distinguer :

  • La rémission stricte : HbA1c normale sans aucun traitement.
  • La rémission pharmacologique : HbA1c normale obtenue grâce à un traitement qui ne se contente pas de « masquer » la glycémie mais agit en profondeur sur le métabolisme (perte de poids, meilleure sensibilité à l’insuline, effets protecteurs cardio-rénaux).
  • Le contrôle optimal : situation plus classique où la glycémie est bien tenue grâce à un traitement, mais sans effet métabolique profond.

Cette distinction aurait l’avantage de coller à la réalité clinique et de reconnaître que les nouveaux traitements changent la nature même du diabète.

Pourquoi les mots comptent

Le débat peut sembler théorique, mais il a des conséquences très concrètes.

Sur le plan scientifique, garder une définition stricte permet d’éviter toute confusion dans les études. Si l’on mélange des patients sous traitement et des patients sans traitement, les résultats ne sont plus comparables. Mais ignorer la rémission pharmacologique, c’est sous-estimer l’impact des nouvelles molécules, qui n’ont rien à voir avec les traitements du passé.

Sur le plan clinique, employer trop largement le mot « rémission » risque de donner une fausse sécurité : certains patients pourraient arrêter leur traitement en pensant être guéris. À l’inverse, ne jamais utiliser ce terme peut décourager : un patient qui a perdu 20 kilos et dont l’HbA1c est normale ne comprend pas pourquoi on lui dit qu’il est toujours malade.

Sur le plan sociétal, le mot « diabète » évoque une maladie chronique, irréversible et coûteuse. Introduire la notion de rémission change le regard des patients, des assureurs et même des politiques de santé publique. Cela rebat les cartes en termes de prévention, de remboursement et de communication.

Le vécu des patients

Claire, 62 ans, a subi une chirurgie bariatrique. Elle a arrêté ses médicaments quelques mois après l’opération. Son HbA1c est normale depuis quatre ans. "Mon médecin m’a parlé de rémission stricte, raconte-t-elle. Ce mot m’a redonné confiance. Je sais que je dois rester vigilante, mais je me sens victorieuse."

Karim, 54 ans, suit un traitement par tirzépatide. "J’ai perdu 18 kilos. Mon diabète a disparu des analyses. Mais mon diabétologue m’explique que tant que je prends mes injections, ce n’est pas une rémission. Pourtant, dans ma vie, je le vis comme tel."

Ces témoignages montrent le décalage entre la définition médicale et la perception des patients.

Une révolution silencieuse

Le mot « rémission » appliqué au diabète de type 2 est en pleine mutation. Officiellement, il n’existe que sans traitement. Mais dans la vraie vie, les effets spectaculaires des nouveaux médicaments brouillent les frontières.

Au-delà des débats sémantiques, il y a une réalité encourageante : le diabète de type 2 n’est plus forcément la fatalité d’hier. Pour certains, il peut disparaître des radars médicaux, parfois longtemps. Pour d’autres, il peut être tenu à distance par un traitement qui agit en profondeur sur le métabolisme.

 

Questions pratiques pour les patients

  • Puis-je arrêter mon traitement si mes chiffres sont redevenus normaux ?
    - Arrêter un traitement efficace sans avis médical expose à une rechute rapide.
  • Comment savoir si je suis en rémission stricte ?
    - C’est le cas si vos chiffres sont normaux pendant au moins trois mois
    sans aucun traitement.
  • Une rémission peut-elle durer ?
    - Oui, surtout après une perte de poids majeure ou une chirurgie bariatrique. Mais elle peut aussi s’interrompre. Un suivi médical régulier est indispensable.
  • Dois-je continuer à me faire suivre si je suis en rémission ?
    - Même en rémission stricte, le risque de rechute existe. Et les complications (yeux, reins, cœur, nerfs) doivent être surveillées.

 

Check-list patient : suis-je en rémission, en contrôle ou toujours diabétique ?

  1. Votre HbA1c est < 6,5 % depuis plus de 3 mois sans traitement
    - Vous êtes en
    rémission stricte. Bravo, mais le suivi médical reste indispensable.
  2. Votre HbA1c est < 6,5 % grâce à un traitement moderne (GLP-1, tirzépatide, etc.)
    - On parle de
    rémission pharmacologique : votre diabète est tenu en respect, mais il réapparaîtrait sans le traitement.
  3. Votre HbA1c est < 7 % avec vos comprimés habituels (metformine, sulfamides, etc.)
    - C’est un
    contrôle optimal : le diabète est bien équilibré, mais il n’est pas en rémission.
  4. Votre HbA1c reste au-dessus de 7 % malgré le traitement
    - Le diabète est
    mal contrôlé : il faut en discuter avec votre médecin pour ajuster la stratégie.
  5. Dans tous les cas : même en rémission, stricte ou pharmacologique, un suivi annuel reste nécessaire (yeux, reins, cœur, nerfs). Le diabète peut se réveiller.

 

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