- Toxoplasma gondii, parasite responsable de la toxoplasmose, pourrait altérer la fertilité masculine en s’attaquant directement aux spermatozoïdes.
- Une étude a montré qu’en quelques minutes, le parasite pouvait endommager les spermatozoïdes en les décapitant.
- Bien que le lien de causalité reste à confirmer, il est recommandé d’adopter des mesures de prévention pour éviter l’infection.
Transmise par un parasite discret mais redoutablement adapté, la toxoplasmose touche entre 30 et 50 % de la population mondiale. Si elle reste souvent silencieuse et passe inaperçue, une nouvelle étude tire la sonnette d’alarme : le parasite Toxoplasma gondii pourrait s'attaquer directement aux spermatozoïdes humains.
Des spermatozoïdes "décapités" par le parasite
"Une fois infecté [...] plus question de s’en débarrasser", explique le professeur Bill Sullivan, de l’Université de l’Indiana aux Etats-Unis, dans un article publié dans The Conversation. Toxoplasma gondii, responsable de la toxoplasmose, forme des kystes dans les tissus et persiste à vie dans l'organisme. Ce parasite unicellulaire, dont le cycle passe par les chats, se transmet de multiples façons : viande mal cuite, fruits et légumes souillés, eau contaminée, ou encore contact avec la litière d'un chat infecté.
Depuis plusieurs décennies, la fertilité masculine est en chute libre. Le nombre et la qualité des spermatozoïdes ont dégringolé depuis les années 1940, et l'infertilité masculine aurait augmenté de 80 % entre 1990 et 2019. Si les causes identifiées incluent l'obésité, les perturbateurs endocriniens ou l'alimentation, certaines infections comme la toxoplasmose pourraient aussi y contribuer. De nombreux indices convergent : dès les années 1980, le parasite a été détecté dans les testicules de patients atteints du sida. Depuis, des recherches animales ont montré que Toxoplasma atteint rapidement les organes reproducteurs, provoquant "une forte réduction de la fonction testiculaire".
Mais cette nouvelle étude, publiée en avril 2025, marque un tournant : des chercheurs ont exposé des spermatozoïdes humains à Toxoplasma in vitro, observant que "22,4 % des spermatozoïdes ont été décapités" en seulement cinq minutes. D'autres présentaient des déformations et des signes d'invasion cellulaire. Ce dommage direct s'ajoute à l'effet inflammatoire chronique associé à l'infection, susceptible d'altérer la production spermatique.
Des gestes simples pour prévenir l'infection
Faut-il s'alarmer ? Pas si vite car, si certaines études font état d'une prévalence plus élevée de toxoplasmose chez les hommes infertiles, d'autres, comme une étude roumaine de 2015, n'ont pas constaté d'effet notable sur la qualité du sperme. Le lien de causalité reste donc à établir. En revanche, les preuves s'accumulent en faveur d'une prudence accrue : "Les effets délétères que pourrait exercer Toxoplasma sur les spermatozoïdes participeraient aux problèmes globaux de fertilité masculine". A noter que la toxoplasmose peut aussi avoir de graves conséquences en cas de grossesse ou pour les personnes immunodéprimées.
En attendant d'en savoir plus, mieux vaut miser sur la prévention. Pour limiter les risques, il est conseillé de cuire la viande à plus de 68 °C, laver soigneusement fruits, légumes et mains, éviter l'eau ou les produits crus non traités, et entretenir la litière des chats avec précaution.