Près de 40 millions de personnes sont atteintes du sida dans le monde. Aujourd’hui, des traitements permettent de vivre avec la maladie et de ne pas la transmettre. À l’avenir, ils pourraient devenir inutiles. Dans Nature Communications, des chercheurs de l’université KU de Louvain, en Belgique, expliquent avoir trouvé une méthode pour désactiver définitivement le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).
Une combinaison de médicaments pour désactiver définitivement le VIH
Au média belge VRT news, Zeger Debyser, professeur de médecine moléculaire, explique : "Nous avons développé une méthode pour mettre le virus du VIH dans un sommeil profond. (…) Cela rend le virus complètement inoffensif, permettant aux patients d'arrêter le traitement après un certain temps sans avoir à se soucier de tomber à nouveau malade ou d'infecter d'autres personnes." Cette technique repose sur la combinaison de deux médicaments, dont l’un permet de désactiver le "GPS" du virus, ce qui l’empêche d’aller dans les zones de l’organisme où il peut plus facilement se développer.
Comment désactiver le VIH dans l’organisme ?
Le traitement a déjà été testé dans des études cliniques humaines, mais il n’est pas toujours suffisant. "Parfois, les virus se retrouvent accidentellement au bon endroit et peuvent toujours se propager dans tout le corps", explique la co-autrice de l’étude, Eline Pellaers. L’équipe a donc créé un second inhibiteur du VIH : ils ont mis au point un marqueur, fonctionnant comme un code-barres, pour repérer les endroits où le virus s’intègre dans l’ADN, et les verrouiller par la suite avec le médicament. "Le premier agent désactive le GPS de la voiture, ce qui l'empêche de trouver la place de stationnement idéale, explique Zeger Debyser à l’agence de presse belge Belga. Le deuxième agent ferme ensuite les barrières de tous les autres parkings, empêchant la voiture de se garer, où qu'elle se trouve."
VIH : de futurs essais cliniques pour tester la combinaison de traitements ?
L’association des deux médicaments permet de placer le virus dans un "sommeil profond" : il ne disparaît pas de l’organisme, mais il n’est plus nécessaire de prendre un traitement à vie. Pour Zeger Debyser, il s’agit d’une percée scientifique majeure, mais il reste prudent. "Nous ne voulons certainement pas donner aux gens de faux espoirs, souligne le chercheur. Notre méthode fonctionne très bien sur les cellules humaines en laboratoire, mais ce n'est que la première étape. Nous espérons qu'à l'avenir, nous serons également en mesure de tester notre traitement combiné sur des patients dans le cadre d'essais cliniques, mais d'autres recherches sont d'abord nécessaires. Je ne peux pas et je ne prédis pas combien de temps cela prendra."