- Quelques repas riches en graisses saturées peuvent provoquer une inflammation dans le corps, sans symptôme visible.
- En deux jours, ils réduisent la production de la protéine protectrice de l'intestin, IL-22.
- Ces découvertes pourraient aider à développer de nouvelles voies thérapeutiques pour les MICI.
Gâteaux, hamburger, poulets frits… se faire un petit plaisir de temps en temps ne fait pas de mal. De nombreux nutritionnistes vous le diront. Mais il faut que cela reste un événement unique et occasionnel, si on se base sur les travaux du Walter and Eliza Hall Institute (Australie).
Les chercheurs ont découvert que seulement deux jours de repas riches en graisses saturées suffisent pour affaiblir le microbiote intestinal. L’étude a été publiée dans la revue Immunity le 14 avril 2025.
Microbiote : deux jours de repas gras et les intestins sont en mauvaise santé
Pour mieux comprendre l’impact des aliments très gras sur les défenses intestinales, les chercheurs ont servi une alimentation riche en graisses saturées à des souris pendant 7 jours. Lors des examens, ils ont remarqué des modifications microscopiques de la santé et du fonctionnement intestinal des rongeurs après seulement quelques repas riches en graisses. Par ailleurs, aucun symptôme d'inflammation n’était visible. "Cela montre à quel point l’inflammation peut facilement se développer sans signes avant-coureurs immédiats", souligne le Dr Cyril Seillet, auteur principal de l'étude, dans un communiqué.
L’équipe a fait un autre constat lors de cette expérience : une exposition à court terme à des plats riches en graisses pouvait entraîner une baisse de la production d'IL-22, une protéine qui aide à contrôler l'inflammation intestinale. Ainsi, en plus de favoriser l’inflammation, les produits gras empêchent le corps de la combattre.
"Il n’a fallu que deux jours de consommation d’aliments riches en graisses pour que les souris perdent leurs réserves d’IL-22 et présentent une fonction intestinale altérée", explique le premier auteur, Le Xiong. Puis, il met en garde : "malgré la perte de leurs capacités de protection intestinale, les souris semblaient toujours en bonne santé, ce qui montre à quel point la santé intestinale peut être compromise bien avant l'apparition de symptômes visibles."
Si ces résultats confirment - s’il y en avait encore besoin - que les graisses saturées ne sont pas bonnes pour la santé intestinale, ils montrent aussi qu’il ne faut surtout pas renoncer aux graisses insaturées. Ces dernières, plus connues sous les noms oméga 3, oméga 6 ou oméga 9, stimulent la production de la protéine IL-22, et donc la protection des intestins. On en trouve par exemple dans les noix, les avocats ou les poissons gras (sardine, hareng, thon ou saumon).
MICI : cette étude ouvre la voie à de nouveaux traitements
Dans une autre volet de l’expérience, les scientifiques ont pu rebooster la fonction intestinale des souris affectées par un menu trop gras, en rétablissant leur niveau d’IL-22. Cette découverte pourrait aboutir à une nouvelle piste thérapeutique pour les maladies inflammatoires chroniques (MICI), comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, ou pour la maladie cœliaque (intolérance permanente au gluten).
Dans ces prochains travaux, l’équipe cherchera à trouver des moyens pour augmenter naturellement les taux d’IL-22. Elle espère également que ses découvertes conduiront à repenser les recommandations alimentaires pour les axer “sur les moyens de renforcer naturellement notre protection intestinale”.