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Monopole des pharmacies remis en cause

Automédication : un marché convoité de 2 milliards

Par Mathias Germain

Porté par les antalgiques, les médicaments contre le rhume ou les vasodilatateurs, le marché de l’automédication a progressé de 3,2 % en 2012.

SIERAKOWSKI FREDERIC/ISOPIX/SIPA
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Dans un rapport publié ce jeudi, l'Autorité de la concurrence préconisait de casser le monopole des pharmaciens en ouvrant le marché du médicament non remboursable aux grandes surfaces. Cette proposition à suscité une levée de boucliers ds pharmaciens et une fin de non recevoir de la part de la miistre de la Santé. Mais que représente réellement ce arché de l'automédication ?

Le Doliprane est le médicament le plus consommé. Il arrive en tête devant d’autres antalgiques tels que Efferalgantab et Nurofen. Le marché de l’automédication, qui a progressé de 3,2 % en 2012, n’est pas seulement porté par les antalgiques mais aussi par des médicaments contre le rhume et la toux (Oscillococcinum©, Humex©, Fervex©) et des préparations nasales (Rhinadvil et Humex), et par des médicaments vasodilatateurs qui ont été déremboursés en mars 2012. Selon l’Association française de l’Industrie pharmaceutique pour l’automédication, l’AFIPA, les ventes totales du marché de l’automédication, en prix publics TTC, se sont élevées à près de 2,2 milliards d’euros et ont représenté 7,6 % du chiffre d’affaires TTC du médicament. Une situation d’autant plus remarquable que le marché global du médicament est en léger recul (-1,1% pour un chiffre d'affaires de 29,4 milliards d'euros en prix public TTC). 


Cependant les promotteurs de l’automédication espèrent des progressions encore plus fortes. Selon une étude réalisée par le spécialiste des données de santé, Celtipharm, la part des produits achetés sans prescription dans le marché total des médicaments reste inférieure en France à la moyenne européenne, avec 15,9 % des ventes en volume, contre 23,3 % en Europe et jusqu'à 40 % en Allemagne. De même, alors qu'un Allemand accepte chaque année d'investir 58 euros en moyenne dans des produits d'automédication, un Français ne dépense que 34,50 euros.

Même si l’automédication est moins développée en France que chez d’autres pays européens, elle est une pratique courante chez nos concitoyens. L’Autorité de la concurrence a rappelé que 70,5 % des Français achètent entre 1 à 6 fois par an des médicaments sans ordonnance, et que pour les pathologies bénignes, plus de 70 % des Français ne s’adressent pas au médecin. De son côté, l’UFC Que Choisir a indiqué que les médicaments en vente libre en France représentent un tiers des dépenses de médicaments des ménages. Les 4/5e des dépenses d’automédication des Français, soit environ 1,65 milliard d’euros en 2011, ont concerné les médicaments non remboursables, vendus à prix libres par les pharmaciens.
C’est pour cette raison que l’Autorité de la concurrence et l’UFC Que Choisir plaident pour une distribution de médicaments sans ordonnance hors des officines, mais sous le contrôle d’un pharmacien. Cette mesure, selon l’UFC Que Choisir, permettrait de réduire de plus 16 % les coûts de l’automédication pour les Français, « ce qui rendrait aux consommateurs 269 millions d’euros de pouvoir d’achat ».
Avec cette mesure, l’Autorité de la concurrence table sur une baisse des marges réalisées en pharmacie, qui sont de l’ordre de 34 % aujourd’hui sur l’automédication contre 21, 3 % en moyenne pour les médicaments remboursables.