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Campagne de l’Education nationale

Des élèves-médiateurs contre le harcèlement à l'école

Par Audrey Vaugrente

Le ministère de l’Education nationale, Vincent Peillon, annonce de nouvelles mesures contre le harcèlement scolaire. L’objectif : instaurer un climat de confiance au sein de l’école.

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Vincent Peillon, ministère de l’Education nationale, s’attaque à un fléau : le harcèlement scolaire. Un écolier sur dix est concerné. Ce 26 novembre, une nouvelle campagne de sensibilisation est lancée. Elle est accompagnée de l’annonce d’une série de mesures pour prévenir et lutter contre le harcèlement.

 

Les élèves-médiateurs

Parmi ces mesures, certaines sont déjà en place. C’est le cas des « élèves-médiateurs » que Vincent Peillon souhaite généraliser. Ces médiateurs ont le même âge que les autres écoliers et ont un rôle d’aidant. Lorsqu’une crise éclate entre deux jeunes, la médiation permet de la désamorcer sans intervention extérieure. Cette méthode présente plusieurs avantages. Elle permet, dans un premier temps, de régler les problèmes entre mineurs, sans crainte de jugement. Elle est également plus simple : pas besoin de prendre un rendez-vous pour en parler. Dernier point fort de la médiation entre élèves : elle instaure un climat de confiance au sein de l’école.

 

L'intérêt de développer un climat de confiance a été démontré dans une étude récente de l’Université Riverside (Californie, Etats-Unis). Publiée dans la revue Theory Into Practice, elle suggère que l’ambiance dans l’établissement influence les comportements des élèves. Pour anticiper des comportements violents, le personnel éducateur doit évaluer le climat scolaire et agir pour l’améliorer. Un travail de fond et complexe, comme l’explique Cixi Wang, co-auteur de l’étude : « Le harcèlement est un problème complexe. Avec cette étude, nous essayons vraiment de fournir au personnel scolaire des méthodes éprouvées pour régler la question. »

 

Un climat de confiance

Les chercheurs ont mis en évidence que des relations positives entre étudiants et enseignants sont cruciales pour une ambiance positive au sein d’un établissement. C’est en cela que les « élèves-médiateurs » que promeut Vincent Peillon peuvent lutter contre le harcèlement scolaire. Des comportements et des attitudes positifs, comme l’empathie, la solidarité ou le souci de l’autre, sont érigés en modèle. En outre, les enseignants doivent éviter au maximum de minimiser les incidents, intégrer des interventions sur le climat scolaire dans le programme scolaire et parler ouvertement du harcèlement. Enfin, l’étude américaine suggère qu’il faut punir chaque comportement harceleur en fonction du règlement intérieur.

La méthode Peillon, elle, est plus douce et privilégie le dialogue : résoudre le problème à sa source, entre élèves, pour ne pas envenimer le conflit. Mais, comme le souligne l’étude, pour qu’un tel climat de confiance soit instauré, il faut que chaque crise soit signalée et prise en charge – par des médiateurs ou le corps enseignant. Pour cela, les interactions entre les enseignants et les élèves ne doivent pas être altérées.

 

Depuis quelques années, la question du harcèlement à l’école est au cœur des politiques scolaires. Jusqu’alors, un défi constant se pose au personnel éducateur : évaluer les facteurs qui mènent au harcèlement, prévenir et intervenir selon des méthodes à l’efficacité prouvée. Une nouvelle dimension vient s’ajouter à ce défi, hors des murs de l’école cette fois : le cyber-harcèlement. Cette violence se détecte moins facilement par les enseignants mais blesse tout autant. C’est le second volet des mesures proposées par Vincent Peillon.

 

Regardez la campagne de sensibilisation de l'Education nationale :

 

 

La lutte contre le harcèlement à l'école fait partie intégrante d'une stratégie de santé publique. En effet, comme le soulignent les auteurs de l'étude américaine, des recherches ont montré que les jeunes impliqués dans des affaires de harcèlement souffraient davantage de problèmes de santé mentale. Ils ont aussi un niveau plus élevé de distorsions cognitives, c'est à dire une tendance à interpréter les informations de façon négative, en généralisant à outrance, ou encore en tirant des conclusions hâtives. Or, les distorsions cognitives contribuent aux troubles émotionnels tels que la dépression et l'anxiété ainsi qu'aux troubles de la personnalité.