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Qualité de vie

Expérience de mort imminente : que se passe-t-il après ?

Par Sophie Raffin

Contrairement aux croyances populaires, une expérience de mort imminente n'entraîne pas de grand changement de vie chez les patients, selon une étude de l'hôpital universitaire de Liège.

BorisRabtsevic/istock
Selon une étude, 15 % des personnes ayant été en soins intensifs connaissent une expérience de mort imminente.
Les chercheurs ont constaté qu'un mois après leur sortie, les individus ayant vécu une EMI étaient plus susceptibles de présenter des symptômes dissociatifs que les autres.
En revanche, contrairement aux croissances populaires, l'expérience de mort imminente ne semblait pas avoir eu une grande incidence sur la qualité de vie des patients un an plus tard. Les chercheurs n'ont trouvé aucune différence significative entre les personnes ayant eu une EMI et celles qui n'en avaient pas eu pendant leur hospitalisation.

Lumière vive et rassurante, sensation de flotter hors de son corps, sentiment de paix…. Il existe plusieurs témoignages d’expériences de mort imminente de personnes dont le cœur à cesser de battre quelques minutes. Dans la culture populaire, ces événements conduisent ceux qui les ont vécu à changer radicalement de vie ou de certitudes. Il n’en est rien à en croire une étude menée par l’hôpital universitaire de Liège.

Expérience de mort imminente : 15 % des patients en soins intensifs la vivent

Pour connaître les conséquences d’une expérience de mort imminente (EMI) sur la qualité de la vie à court et moyen termes, l’équipe scientifique belge a interrogé 126 personnes ayant passé plus de 7 jours en soins intensifs. 

La première semaine après leur sortie du service, les volontaires étaient soumis à l’échelle d’évaluation clinique de Greyson qui mesure l'expérience dissociative et au questionnaire WHOQOL-SRPB sur les croyances spirituelles. Les paramètres médicaux ont été recueillis de manière prospective. 

Sur l’ensemble des malades interrogés, 19 patients (15 %) ont connu une EMI. C'est-à-dire qu'il avait un score supérieur à 7/32 sur l’échelle de Greyson.

Premier constat : les facteurs associés avec les EMI sont “la ventilation mécanique, la sédation, l'analgésie, le motif d'admission, le dysfonctionnement des organes primaires, les propensions dissociatives et spirituelles”, précisent les auteurs dans leur article paru dans la revue Critical Care en 2023. Par ailleurs, lors de ces entretiens initiaux, les chercheurs ont constaté que les individus ayant vécu une EMI étaient plus susceptibles de présenter des symptômes dissociatifs comme être peu ou pas du tout sensible à la douleur et être incertain de son identité ou ressentir un bien-être spirituel et personnel accru.

EMI : pas de grands changements observés un an plus tard 

Toutefois, les effets d’une expérience de mort imminente ne semblent pas persister sur la durée. Les participants ont été à nouveau contactés par téléphone, un an après leur sortie des services de soins intensifs. En plus de refaire les tests initiaux, les volontaires répondaient à un questionnaire de santé évaluant leur qualité de vie et leur bien-être. Et finalement, le fait d’avoir failli mourir et d’avoir potentiellement vu “l’après”, n’avait pas conduit à des changements importants. “Aucune différence significative n'a été observée entre les deux groupes pour tous les questionnaires”, concluent les scientifiques. Et cela, bien que les EMI aient été jusque-là “signalées comme transformantes et pouvant être associées à des émotions négatives”. 

De plus, “les paramètres cognitifs et spirituels l'emportaient sur les paramètres médicaux en tant que prédicteurs de la survenue d’une EMI”. Toutefois, les chercheurs reconnaissent que des études supplémentaires réalisées avec des cohortes plus importantes sont nécessaires pour confirmer leurs résultats.