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États-Unis

Candida auris : doit-on s’inquiéter de ce champignon résistant aux médicaments ?

Par Rafaël Andraud

Les autorités sanitaires américaines ont classé Candida Auris, un champignon à l'origine d'infections nosocomiales, comme une "grave menace mondiale pour la santé publique".

Dr_Microbe/iStock
S’il ne constitue pas de réels risques pour les personnes en bonne santé, Candida auris s’avère dangereux surtout pour les patients les plus fragiles, avec un système immunitaire affaibli.
Lundi 20 mars, les centres de santé américains (CDC) ont diffusé une mise en garde contre ce champignon considéré comme une "menace urgente de résistance aux antimicrobiens".
En Europe, entre 2019 et 2021, 327 patients ont été touchés dans cinq pays, dont la France.

Candida auris "se propage à un rythme alarmant dans les établissements de santé américains en 2020-2021", alertent les agences fédérales américaines de santé publique (Centers for Disease Control and Prevention, CDC). Cette espèce de levure est un champignon pathogène capable de résister aux médicaments antifongiques et peut être à l’origine d'une infection fongique, appelée candidose. Son nom (auris signifie "oreille" en latin) vient de sa provenance puisqu'il a été découvert lors d'un prélèvement effectué dans le conduit auditif d'une patiente.

Candida auris : quels risques pour la santé ? 

S’il ne constitue pas de réels risques pour les personnes en bonne santé, Candida auris s’avère dangereux surtout pour les patients les plus fragiles, avec un système immunitaire affaibli. Il a notamment déjà été à l’origine de plusieurs épidémies dans des hôpitaux. C’est pourquoi certains le surnomment le "tueur des hôpitaux", en raison des infections au cœur, dans le sang ou au cerveau qu’il peut provoquer.

La plupart du temps, il se manifeste par des symptômes proches d'une grippe avec de la fièvre, une importante fatigue et des courbatures. Ce champignon peut passer d'une personne à l'autre par un contact direct avec une personne contaminée ou porteuse du champignon. Mais la transmission peut également se produire à la suite d'un contact indirect via des objets contaminés ou certaines surfaces (les draps de l'hôpital, les poignées, etc.).

États-Unis : les cas d'infections ont triplé

Lundi 20 mars, les centres de santé américains (CDC) ont diffusé une mise en garde contre ce champignon considéré comme une "menace urgente de résistance aux antimicrobiens". Selon les données du CDC, les cas d'infections ont triplé, passant de 476 en 2019 à 1.471 cas en 2021. Dans le même temps, les personnes porteuses sans déclarer d'infections sont passées de 1.077 à 4.041 pendant la même période.

En Europe, entre 2019 et 2021, 327 patients ont été touchés dans cinq pays dont la France (avec le Danemark, l'Allemagne, la Grèce et l'Italie) répartis en 14 foyers (un foyer correspondant à deux cas ou plus ayant un lien épidémiologique), d'après une étude de Eurosurveillance. Une augmentation notamment due à la pandémie de Covid-19, qui a fragilisé les systèmes de santé de par le monde, mais aussi à l'augmentation de la détection du germe et au manque de mesures de prévention.

Le réchauffement climatique pourrait jouer un rôle dans la montée des infections

En France, le Haut conseil de la santé publique avait également publié un rapport à son sujet en juillet 2019 rapportant la présence de six cas : "Cette levure est difficile à identifier au laboratoire, avec les méthodes habituellement utilisées pour l'identification des Candida. Elle persiste dans l'environnement et se caractérise par une sensibilité diminuée aux antifongiques." Le HCSP met en garde contre le danger lié à la propagation de ce champignon chez les personnes vulnérables : "Les infections invasives sont associées à un taux de létalité élevé, essentiellement attribuable aux nombreuses comorbidités observées chez les patients infectés ou colonisés."

Une étude publiée dans le mBio en juillet 2019 a établi un lien entre son apparition et la hausse des températures due au dérèglement climatique. Bien que la majorité des champignons ne résistent pas à la chaleur du corps humain, le Candida auris semble, lui, très bien s'adapter à ces nouvelles conditions météorologiques et au mercure plus élevé. D’après les chercheurs, "il pourrait s'agir du premier exemple d'une nouvelle maladie fongique émergeant du changement climatique, avec la mise en garde que de nombreux autres facteurs peuvent avoir contribué".