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Environnement

Des virus zombie ancestraux ont été sortis du permafrost pour être ressuscités

Par Diane Cacciarella

13 virus vieux de dizaine de milliers d'années ont été ramenés à la vie par une équipe de chercheurs français afin d'étudier ce que le dégel du permafrost lié au réchauffement climatique risque de libérer comme agents pathogènes dans l'environnement.

Adrian Wojcik/iStock
Trois des virus découverts ont été nommés Pithovirus mammoth, Pandoravirus mammoth et Megavirus mammoth.
Deux autres ont été nommés Pacmanvirus lupus et Pandoravirus lupus, en référence au loup de Sibérie congelé dont ils ont été extraits.

Il représente 20 % de la surface terrestre : le permafrost. Il s’agit des sols dont la température reste sous le seuil de 0 °C pendant au moins deux années consécutives. On en voit surtout dans les hautes latitudes comme le Groenland ou le nord du Canada, ainsi que sur les hautes altitudes. Mais c’est dans les glaces de l’est de la Russie que les chercheurs français de l'université d'Aix-Marseille ont mené leurs travaux, qui viennent d’être pré-publiés.

Un virus découvert, vieux de 48.500 ans

C’est dans ces lieux très froids, plus précisément dans de la matière fécale et de la laine congelée de mammouth trouvées sur place, que les scientifiques ont découvert et ressuscité 13 virus. Trois dataient de 27.000 années et un autre, le plus vieux, de 48.500 ans. 

"48.500 ans est un nouveau record" a déclaré Jean-Michel Claverie, professeur de génomique et de bio-informatique à la faculté de médecine de l'université d’Aix-Marseille, interrogé par le média New Scientist. Son équipe avait déjà ressuscité un virus issu du permafrost sibérien, mais celui-ci n’avait "que" 30.000 ans.

Réactiver de vieux virus pour anticiper les changements liés au réchauffement climatique

Mais pourquoi réactiver de vieux virus ? Pour mieux les étudier et anticiper leurs potentielles actions en cas de fonte des glaces liée au réchauffement climatique. À ce moment-là, beaucoup de virus retenus prisonniers des glaces seront libérés et se propageront dans les écosystèmes. Certains seront réactivés et, selon les scientifiques, pourraient devenir des agents pathogènes pour de nombreuses espèces. Ces virus auront aussi la capacité de se reproduire et induiront donc un risque épidémique important. 

Ainsi, les réactiver permet de les étudier à l’avance et donc de mieux se préparer. En effet, avec de tels travaux, les scientifiques vont déjà pouvoir travailler sur des vaccins et des nouveaux antibiotiques qui permettront de les combattre. À l’heure du réchauffement climatique, anticiper son impact en termes de maladies virales devrait être une priorité, selon les auteurs. 

"Comme malheureusement bien documenté par les pandémies récentes (et en cours), chaque nouveau virus, même lié à des familles connues, nécessite presque toujours le développement de réponses médicales très spécifiques, telles que de nouveaux antiviraux ou vaccins, expliquent les auteurs. Il est donc légitime de s’interroger sur le risque que des particules virales anciennes restent infectieuses et se remettent en circulation par le dégel d’anciennes couches de permafrost".