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Particules fines

Grossesse : la pollution de l’air entraverait le développement du bébé

Par Stanislas Deve

L'exposition aux particules fines de la pollution de l'air durant la grossesse présente un risque pour le bon développement neurologique du nourrisson, selon une nouvelle étude.

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99 % de la population planétaire respirent un air pollué, selon les seuils fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La pollution atmosphérique serait responsable d’environ 7 millions de morts chaque année, dont 48.000 en France.
Les conséquences de la pollution de l’air sont encore plus graves chez les enfants, dont le système nerveux est encore en développement, et donc plus sensible et vulnérable à l’air vicié que celui des adultes.

L’air pollué peut affecter la santé des enfants avant même qu’ils ne le respirent. D’après une récente étude taïwanaise, l’exposition aux particules fines, principales sources de pollution atmosphérique, durant la grossesse pourrait bien causer des retards dans le développement neurologique et moteur du nourrisson.

Un air pollué durant la grossesse retarderait la motricité du bébé

Pour parvenir à cette conclusion, dont les détails ont été publiés dans la revue scientifique Developmental Medicine & Child Neurology, les chercheurs ont évalué l’état de santé et de cognition de quelque 17.000 nourrissons nés à terme et sans malformation congénitale, à l’âge de 6 mois et de 18 mois. Après avoir pris en compte plusieurs variables d’ajustement (tabagisme, activité physique, alimentation... des parents), ils ont ensuite comparé leurs résultats aux niveaux de pollution de l’air enregistrés sur le domicile parental pendant la grossesse. A savoir le taux de particules fines PM2,5 (moins de 2,5 microns de diamètre en suspension dans l’air), capables de pénétrer profondément dans les poumons et la circulation sanguine.

Les résultats ont été sans appel : chaque augmentation de 10 microgrammes par mètre cube (10 μg/m3) de l’exposition à ces particules fines au cours du deuxième trimestre est associée à "un risque accru de 9 % que l’enfant souffre d’un retard dans les étapes de son développement neurologique de la motricité globale", laquelle implique différentes facultés qu’un nourrisson acquiert durant les premiers mois de la vie, comme se tenir en position assise, ramper, marcher, sauter...

L’impact de la pollution de l’air est également délétère, à un niveau similaire, "sur le développement de la motricité fine", qui permet de faire des mouvements précis, manipuler des objets ou encore dessiner. Ce n’est pas tout : les bébés dont les mamans ont respiré un air pollué durant la grossesse souffrent d’un certain retard en matière de "compétences personnelles et sociales", note l’étude.

La pollution atmosphérique, un risque déjà avéré pour le nourrisson

"La protection des enfants contre les polluants atmosphériques doit commencer pendant la grossesse de leur mère", prévient l’auteur principal de l’étude, le chercheur Yue Leon Guo, du National Taiwan University Medical School and Hospital, dans un communiqué.

C’est loin d’être la première fois que la pollution de l’air, à laquelle sont surexposées neuf personnes sur dix dans le monde, est accusée d’entraver le bon développement des nourrissons. Plusieurs études avaient notamment démontré que l’exposition à la pollution de l’air durant la grossesse pouvait entraîner des modifications épigénétiques au niveau du placenta et ainsi mettre en danger la santé du fœtus, mais également altérer l’ADN des bébés avant leur naissance ou augmenter le risque qu’ils souffrent d’asthme après. Sans compter les problèmes d'hypertension artérielle, de dégradation des poumons, de petit poids du nouveau-né, de naissance prématurée...