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Baby blues

Dépression post-partum : l'humeur de la mère affecte la capacité du bébé à parler

Par Rafaël Andraud

L'humeur de la mère influence la capacité du bébé à distinguer les mots, essentielle à l'apprentissage du langage. Les nourrissons auraient plus de difficultés quand leur mère est atteinte de baby blues ou de dépression post-partum, selon une nouvelle étude.

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Les médecins parlent de dépression post-partum lorsque des symptômes dépressifs durent plus de deux semaines après l’accouchement. 
Ce trouble est à différencier du baby blues, une humeur dépressive postnatale de plus courte durée liée à la chute brutale des hormones de grossesse. 
La dépression post-partum peut entraîner des effets néfastes sur l'enfant. Une prise en charge rapide est donc nécessaire pour le bien-être de tous.

Entre 50 et 80 % des jeunes mamans développent un baby-blues, selon l'Assurance maladie. La dépression post-partum concernerait quant à elle 16,7 % des jeunes mamans, d'après une récente enquête sur la santé périnatale. Elle est à différencier du baby blues, notamment sur la durée : les symptômes dépressifs doivent être présents depuis plus de deux semaines.

Une nouvelle étude, publiée dans JAMA Network Open, montre comment cette période difficile pour la mère pourrait se répercuter sur le développement du langage chez les bébés.

Les mères souffrant d'humeur dépressive parlent de façon plus monotone au bébé

Les chercheurs de l'Institut Max Planck en Allemagne ont analysé les conséquences de l’humeur de la mère sur la façon dont les bébés distinguent les différents sons et mots du langage, une capacité très importante pour les étapes suivantes vers l’apprentissage de la parole. Leurs résultats montrent qu’une humeur plus négative durant les deux mois après la naissance provoque un traitement moins mature des sons de la parole à l'âge de six mois et demi. 

Les mères qui souffrent d'humeur dépressive, utilisent souvent un discours plus monotone, moins orienté vers le nourrisson, ce qui conduirait à une moins bonne perception des différentes intonations par l’enfant, soupçonnent les chercheurs. Car, en général, les tonalités varient beaucoup quand une mère s’adresse à son enfant, ce qui permet de mettre l'accent sur certaines parties des mots plus clairement - et concentre ainsi l'attention des tout-petits. Cette moins bonne perception pourrait freiner le développement du langage par la suite.

Troubles dépressifs : "parfois, il suffit que les pères s'impliquent davantage"

46 jeunes mères ont participé à cette étude. Leurs différentes humeurs après l'accouchement ont été mesurées à l'aide d'un questionnaire généralement utilisé pour diagnostiquer les troubles postnataux. L'électroencéphalographie (EEG) a également été utilisée afin d’analyser comment les bébés réussissent à distinguer les différents sons du langage. Les chercheurs ont ainsi constaté les difficultés chez certains bébés, âgés entre deux et six mois, à différencier les syllabes. Ces difficultés étaient corrélées aux humeurs dépressives chez la mère.

"Pour assurer le bon développement des jeunes enfants, un soutien approprié est également nécessaire pour les mères qui souffrent de troubles dépressifs légers, qui souvent ne nécessitent pas encore de traitement", explique dans un communiqué Gesa Schaadt, professeure de développement de l'enfance et de l'adolescence à la FU Berlin et co-autrice de l’étude. Selon elle, il ne s'agit pas nécessairement d’un soutien médical : "parfois, il suffit que les pères s'impliquent davantage."