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Obésité : découverte de l'anticorps qui dérègle l'appétit

Les obèses désespèrent parfois de parvenir à réduire leur alimentation. Des chercheurs français viennent de démontrer comment le signal de satiété est retardé et stimule l’appétit.

Obésité : découverte de l'anticorps qui dérègle l'appétit West Coast Surfer / Moo/REX/SIPA




Les obèses sont souvent taxés de ne pas faire d'efforts pour maigrir. Certains d'entre eux souffrent en fait d'hyperphagie, c'est-à-dire qu'ils ont une prise alimentaire trop importante. Cette hyperphagie paradoxale vient d'être décryptée par une équipe de l’Institut de la Santé et de la Recherche médicale (Inserm) qui publie une étude ce 25 octobre dans la revue Nature Communications. Elle démontre qu’un anticorps retarde le sentiment satiété.

 

Retard de la satiété

Mais, concrètement, comment cet anticorps influence-t-il la prise alimentaire ? L’équipe de l’unité de recherche « Nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau » de l’Inserm répond à cette question. Elle dévoile le mécanisme moléculaire de l’hyperphagie : un anticorps nommé immunoglobuline ralentit l’hormone de la faim, la ghréline.

 

« Les immunoglobulines, dirigées contre la ghréline, ont des propriétés particulières dans le cadre de l’obésité, » explique le Pr Pierre Déchelotte, directeur de l’unité de l’Inserm. « Elles permettent de capter plus de molécules de ghréline et de la protéger contre la dégradation rapide qui a lieu habituellement. De ce fait, la quantité d’hormones qui va pouvoir être libérée au niveau de son récepteur dans le cerveau va être plus importante. »

 

Autrement dit, en retardant la satiété, ces anticorps permettent aux sujets de continuer de manger alors que les besoins physiques sont pourvus. Cela entraîne logiquement une prise de poids puisque l'organisme reçoit plus d'énergie qu'il n'en demande et stocke le surplus. Ce mécanisme a été confirmé par une double expérience, comme l’explique le Pr Déchelotte.

 

Ecoutez le Pr Pierre Déchelotte, directeur de l’unité 1073 de l’Inserm : « Ce résultat a pu être démontré d’une part in vitro, dans les tubes à essai, mais également dans un modèle expérimental chez l’animal. »

 

 

 

Un dysfonctionnement hormonal

Lorsqu'elle fonctionne normalement, la région du cerveau nommée hypothalamus régule le poids et la prise alimentaire. L'hypothalamus permet d'adapter la quantité de nourriture nécessaire avant satiété, en fonction des réserves du corps et de ses besoins. Par exemple, après un repas riche ou une prise de poids, l’alimentation sera réduite le temps que le surplus soit estompé ou la perte de poids amorcée. C'est ce phénomène que l'on ressent après les repas de fête : les immunoglobulines réduisent la sensation de faim pour compenser le surplus ingéré. 

 

Chez les personnes obèses, ce mécanisme ne fonctionne pas correctement. Malgré leurs efforts pour réduire leur alimentation, elles continuent à trop manger par rapport à leurs besoins. Leur taux de ghréline reste pourtant normal, voire bas. C’est ce paradoxe qui a poussé les chercheurs de l’Inserm à entamer l’étude. En 2011 déjà, un autre rapport esquissait un lien entre les immunoglobulines et l’appétit. A terme, il serait possible de contrôler ces anticorps. Une régulation pourrait avoir un impact sur la ghréline et aider les obèses à perdre du poids.

 

Ecoutez le Pr Pierre Déchelotte, chercheur à l’Inserm : « Si on arrive à modifier les propriétés des immunoglobulines, on va pouvoir diminuer l’intensité de l’hormone de la faim. »

 

 

 

Agir sur les troubles alimentaires en général

C’est l’ensemble des troubles alimentaires qui pourraient bénéficier de cette découverte. En effet, pour des maladies telles que l’anorexie ou la boulimie, l'origine n'est pas seulement psychologique. Comme l’explique le Pr Déchelotte, un excès de stimulation (boulimie) ou de frein (anorexie) de la prise alimentaire est dû à l’hormone de la faim Alpha MSH. En rétablissant l’équilibre entre les hormones de la faim et celles de la satiété, ces dysfonctionnements de l’alimentation pourraient être résorbés.

 

Ecoutez le Pr Pierre Déchelotte, chercheur à l’Inserm : « On pourrait essayer de restaurer l’efficacité de la ghréline au cours de l’anorexie mentale en manipulant ces immunoglobulines. »

 

 

 

L’équipe de l’Inserm ne s’intéresse pas uniquement aux hormones pour comprendre ces troubles alimentaires. La flore intestinale est aussi passée au crible. Elle pourrait influencer les interactions entre hormones et immunoglobulines et jouer sur les sentiments de satiété ou de faim.

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