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Immunité

Vols dans l’espace : un risque d’infection microbienne bien supérieur !

Par Diane Cacciarella

La bactérie Salmonella Typhimurium est plus dangereuse dans l’espace que sur terre, ce qui augmente le risque d'infection pour les astronautes lorsqu’ils sont en mission.   

1971yes/istock
La bactérie Salmonella est la principale cause de décès par maladie d'origine alimentaire aux États-Unis.
Celle-ci serait responsable de 26 500 hospitalisations et 420 décès par an aux États-Unis.

En 2006, une équipe de chercheurs de l’Université de l’Arizona avait prouvé que, lors d’une mission de douze jours dans l’espace, 167 gènes de la bactérie pathogène Salmonella typhimurium, avaient mutés. Résultat : elle était trois fois plus mortelle que dans sa forme initiale sur terre…. 

Ils en avaient donc conclu qu’un astronaute porteur de cette bactérie au moment où il montait dans une navette spatiale pouvait être très malade par la suite pour deux raisons. Tout d’abord, la Salmonella typhimurium devenait plus dangereuse et, en parallèle, le système immunitaire humain était plus faible dans l’espace… Pour parvenir à ce résultat, il avaient introduit, dans une mission spatiale, une culture de salmonelles en milieu hermétiquement clos. 

Patients hospitalisés

Plus de quinze ans plus tard, ces mêmes chercheurs viennent de publier une nouvelle étude sur ce même sujet. Cette fois, ils ont reproduit les conditions spatiales en laboratoire mais ont mis la culture de salmonelles dans des tissus intestinaux humains 3D pour mieux appréhender les risques encourus par les astronautes. 

La Salmonella Typhimurium est un agnt pathogène bactérien responsable de maladies gastro-intestinales chez l'homme et chez les animaux. Lorsqu’une personne en est atteinte sur terre, ses symptômes sont généralement de la diarrhée, de la fièvre et des crampes d'estomac. Ceux-ci durent entre quatre à sept jours. Mais, pour les cas les plus graves, une hospitalisation peut être nécessaire. 

Les intestinaux humains 3D infectés à des niveaux beaucoup plus élevés dans l’espace

Lors de cette nouvelle expérience, les auteurs ont donc confirmé que la Salmonella Typhimurium était plus dangereuse dans l’espace. En effet, celle-ci a infecté les tissus intestinaux humains 3D à des niveaux beaucoup plus élevés que sur terre… D’autre part, sa présence a aussi conduit à des changements dans l’expression des gènes des cellules intestinales humaines. 

Le manque de compréhension globale de l’impact des voyages spatiaux sur la santé des astronautes est un défi majeur qui pourrait limiter l'exploration humaine de l'espace, estime Cheryl Nickerson, l’un des auteurs. Étant donné que les microbes accompagnent les humains partout où ils voyagent et sont essentiels pour contrôler l'équilibre entre la santé et la maladie, comprendre la relation entre les vols spatiaux, la fonction des cellules immunitaires et les micro-organismes (comme la bactérie Salmonella Typhimurium) sera essentiel pour comprendre le risque de maladies infectieuses pour les humains” dans l’espace. 

Les auteurs confirment donc leurs premiers résultats : dans l’espace, les astronautes ont plus de risque d’infection microbienne car leur système immunitaire est affaibli, que certaines bactéries ou agents pathogènes deviennent plus dangereux dans cet environnement et que ceux-ci atteignent les tissus humains. Ils souhaitent désormais poursuivre les recherches afin de trouver les moyens de protéger à la fois les professionnels mais aussi les futurs touristes de l’espace.