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Anémie spatiale : le trouble dont souffrent les astronautes… même sur Terre

Par Diane Cacciarella

L’anémie spatiale touche tous les astronautes. Ce phénomène peut avoir des conséquences sur le long terme, même lorsqu’ils sont sur terre. Explications. 

Nastco/istock
Les scientifiques ne savent pas combien de temps il est possible de vivre en étant atteint d’anémie spatiale.
Un régime alimentaire adapté, visant à améliorer la santé cardiovasculaire des astronautes, pourrait les aider à lutter contre l’anémie spatiale.

Avant de s’envoler vers la Station spatiale internationale, Thomas Pesquet et ses autres collègues astronautes ont suivi un entraînement physique de choc pendant des mois. La raison est simple : faire un voyage dans l’espace est une épreuve pour l’organisme. Les participants perdent notamment en masse musculaire. 

Trois millions de globules rouges perdus par secondes

D’après une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Medicine, un astronaute perd trois millions de globules rouges par seconde dans l’espace. Ce phénomène, appelé "anémie spatiale", serait responsable d’une destruction de 54 % des cellules du corps humain. "Depuis les premières missions, l'anémie spatiale a toujours été signalée lorsque les astronautes sont revenus sur Terre, mais nous ne savions pas pourquoi", a déclaré à CNN Guy Trudel, l’un des auteurs de l’étude. Pour découvrir l’origine de ce phénomène, les scientifiques ont donc étudié les analyses d’haleine et sanguine de quatorze astronautes avant qu’ils partent sur la Station spatiale internationale. Une fois dans l’espace et jusqu’à un an après leur voyage, les participants ont aussi dû procéder à des auto-prélèvements.  

Des problèmes cardiovasculaires dans l’espace

Le premier enseignement de ces analyses est que tous les astronautes ont eu des problèmes cardiovasculaires et ont subi une baisse d’environ 10 % du sang qui coulait dans leurs vaisseaux sanguins. Cela est dû à l’absence de gravité qui fait remonter les fluides corporels vers le haut du corps et qui augmente la pression sur le cerveau et les yeux. Les chercheurs ont ensuite découvert que les globules rouges étaient automatiquement détruits lorsqu’un individu était dans l’espace et que son corps ne s’y habituait jamais. Autrement dit, un individu perd des globules rouges dans les mêmes quantités tout au long de son voyage dans l’espace. 

Pour mesurer la destruction des globules rouges, les chercheurs ont d’abord quantifié le monoxyde de carbone détecté dans les échantillons d'haleine des astronautes. Ils ont ainsi compris le mécanisme entre le monoxyde de carbone et les globules rouges. À chaque fois qu'une molécule de globules rouges est détruite, cette dernière est remplacée par une molécule de monoxyde de carbone. "Heureusement, avoir moins de globules rouges quand le corps est en apesanteur n'est pas un problème. Mais lors de l'atterrissage sur Terre et potentiellement sur d'autres planètes ou lunes, l'anémie peut affecter l’énergie, l’endurance et la force et ainsi menacer les objectifs de la mission. Les effets de l'anémie ne se font sentir qu'une fois que vous atterrissez et que vous devez à nouveau faire face à la gravité", a expliqué Guy Trudel.

L'impact de l'anémie spatiale une fois sur Terre

La quasi-totalité des astronautes a été diagnostiquée comme anémique à leur retour sur Terre. Mais, petit à petit, leur organisme a de nouveau produit des globules rouges, jusqu’à revenir au nombre normal. Ainsi, les scientifiques en ont déduit que l’anémie spatiale était bien réversible, après environ trois et quatre mois de vie sur Terre. Néanmoins, le taux de destruction des globules rouges par le monoxyde de carbone restait, quant à lui, encore supérieur à la moyenne de 30 %. Jusqu’à un an après la mission spatiale, les astronautes ont des séquelles de l’anémie, ce qui signifie que les missions spatiales de longue durée peuvent entraîner des changements structurels qui affectent les globules rouges. "Si nous pouvons découvrir exactement ce qui cause cette anémie, alors il y a un potentiel pour la traiter ou la prévenir, à la fois pour les astronautes et pour les patients ici sur Terre”, a conclu Guy Trudel.