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Rhumatologie

Et si on utilisait le froid pour combattre la sclérose en plaques ?

Par Diane Cacciarella

Le froid pourrait diminuer les symptômes de la sclérose en plaques en concentrant les ressources énergétiques de l’organisme sur le maintien de sa température corporelle. 

wildpixel/istock
Des recherches supplémentaires seront nécessaires avant d’envisager une application clinique de cette découverte.
Placées dans un environnement froid, les souris atteintes de sclérose en plaques avaient moins de symptômes.

En France, 110 000 personnes sont concernées par la sclérose en plaques selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ce qui en fait la première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes. Actuellement, il n’existe pas de traitement permettant de guérir cette maladie mais seulement de soulager les patients et d’améliorer leur qualité de vie. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Cell Metabolism, le froid pourrait être une nouvelle option thérapeutique pour réduire les symptômes de la sclérose en plaques.

Sclérose en plaques : le système immunitaire attaque ses propres cellules

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central et entraîne une dysfonction du système immunitaire. Celui-ci ne protège plus le patient des agressions extérieures et se retourne même contre ses propres cellules, en attaquant la myéline qui entoure et protège les fibres nerveuses. Ce phénomène provoque des lésions qui empêchent les fibres nerveuses de transmettre correctement les messages envoyés par le cerveau au reste du corps, et inversement. Les patients atteints de cette maladie peuvent souffrir de divers problèmes tels que moteurs, sensitifs, cognitifs, etc. À plus ou moins long terme, ces troubles peuvent progresser vers un handicap irréversible. 

Des travaux menés sur des souris placées dans un environnement à 10 degrés

Pour mener leurs travaux, les scientifiques sont partis de la “théorie de l’histoire de vie” inventée dans les années 1950. Celle-ci postule que l’organisme se concentre sur la croissance et la reproduction uniquement lorsque l’environnement lui est favorable. Dans le cas contraire, il abandonne ses fonctions premières car toutes ses ressources énergétiques sont réservées à la défense contre les attaques extérieures.

Dans le cadre de la sclérose en plaques, le système immunitaire est erroné. Les chercheurs ont donc mené des expériences sur des souris pour voir si l’exposition au froid - soit un environnement défavorable - poussait leur organisme à détourner ses ressources énergétiques du système immunitaire vers le maintien de la chaleur corporelle. Autrement dit, si le système immunitaire arrêtait d’attaquer ses propres cellules pour se concentrer sur le maintien de sa température corporelle. Pour cela, ils ont progressivement placé des souris souffrant d’un modèle de sclérose en plaques humaine dans un environnement froid, à 10 degrés.

Une amélioration des symptômes de la maladie grâce au froid

Après quelques jours, nous avons observé une nette amélioration de la sévérité clinique de la maladie, ainsi que de l’étendue de la démyélinisation observée dans le système nerveux central, explique Doron Merkler, l’un des auteurs de l’étude. Les animaux n’ont eu aucune difficulté à maintenir leur température corporelle à un niveau normal, mais, singulièrement, les symptômes de troubles locomoteurs ont diminué de façon spectaculaire, passant de l’impossibilité de marcher sur leurs pattes arrières à une légère paralysie de la queue”. Les résultats sont donc probants : au contact de températures basses, le système immunitaire n’attaque plus la myéline qui entoure et protège les fibres nerveuses et les patients ont donc moins de symptômes de la maladie. En effet, comme l’organisme est obligé d’augmenter son métabolisme pour maintenir sa chaleur, il n’a plus de ressources pour ses autres actions, notamment celles néfastes dans le cadre de la sclérose en plaques. Le froid entraîne donc une diminution des cellules immunitaires nocives et améliore les symptômes de la maladie. 

Les auteurs notent néanmoins que l’exposition au froid augmente la susceptibilité à certaines infections. Avant d’envisager une application clinique de cette découverte, ils vont donc poursuivre leur recherche. Le but, à terme, est que les patients bénéficient des bienfaits du froid sans ses effets néfastes.