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Méningites à Streptocoque du groupe B

Comment éviter la méningite chez les nourrissons ? On en sait plus

Par Mathilde Debry

Une avancée majeure a été faite dans la compréhension de la prédisposition du nouveau-né aux méningites à streptocoque du groupe B. 

Narongrit Sritana / istock.
Des récepteurs spécifiques prédisposent le nouveau-né à faire des méningites à Streptocoque du groupe B.
Souvent mortelles, les méningites à Streptocoque du groupe B peuvent laisser des séquelles irréversibles aux nourrissons.

Des chercheurs français* sont pour la première fois parvenu à expliquer la prédisposition du nouveau-né à faire des méningites à Streptocoque du groupe B. Leurs travaux sont publiés dans la revue Journal of Clinical Investigation.

Chaque année à travers le monde, des milliers de nourrissons sont affectés par les méningites à streptocoques du groupe B, qui épargne généralement les adultes. Souvent mortelle, la maladie peut aussi entraîner de lourdes séquelles chez les bébés qui survivent.

"Un problème majeur de santé publique"

Les streptocoques du groupe B sont présents dans le microbiote vaginal de 20 à 30% des femmes. Pour éviter l’infection du nouveau-né au moment de la naissance, qui pourrait entrainer une septicémie, et, dans les cas les plus graves, une méningite, de nombreux pays développés, dont la France, ont mis en place un dépistage vaginal quelques semaines avant l’accouchement. Les femmes porteuses de streptocoques du groupe B reçoivent dans ce cas des antibiotiques au moment de l’accouchement.

Cette stratégie a permis de réduire fortement l’incidence des infections à streptocoques du groupe B survenant durant la première semaine de vie, mais n’a eu aucun effet sur celles survenant entre 1 semaine et 3 mois de vie. Par ailleurs, dans de nombreux pays du monde, aucun dépistage prénatal n’est proposé, et de nombreux bébés décèdent après la naissance d’une méningite à streptocoque du groupe B. "Il s’agit donc d’un problème majeur de santé publique", estiment les chercheurs.

Prédisposition des nourrissons

Pour mieux comprendre la maladie et améliorer la prise en charge des mères et des enfants, la scientifique de l’Inserm Julie Guignot et son équipe ont cherché à comprendre ce qui prédispose les nourrissons à cette maladie, alors que les enfants et les adultes ne sont qu’exceptionnellement concernés par ce type de méningite.

Dans de précédents travaux, les scientifiques avaient montré qu’un variant de streptocoque du groupe B était responsable de plus de 80% des cas de méningites chez le nouveau-né. Ce variant exprime à sa surface des protéines spécifiques, qui jouent un rôle essentiel dans le franchissement de la barrière hémato-encéphalique séparant le sang du cerveau.

Par des approches complémentaires, les chercheurs ont démontré qu’une des protéines exclusivement exprimées par ce variant reconnaissait de manière spécifique deux récepteurs présents dans les vaisseaux sanguins cérébraux constituant l’élément principal de la barrière hémato-encéphalique. Grâce à des prélèvements humains, ils ont démontré que ces récepteurs sont surexprimés chez les nouveau-nés. Ces récepteurs cérébraux ne sont en revanche pas présents chez l’adulte, ce qui explique que le streptocoque du groupe B n’est que très rarement responsable de méningites au-delà de la première année de vie, les bactéries ne pouvant atteindre le cerveau.

Des pistes thérapeutiques intéressantes

Grâce à des modèles animaux de méningite, les chercheurs ont confirmé leurs résultats, montrant que l’expression de ces récepteurs durant la période post-natale contribuait à la susceptibilité du nouveau-né à la méningite due au variant de streptocoque du groupe B.

Pour les chercheurs, ces résultats ouvrent des pistes thérapeutiques intéressantes. "L’idée serait de développer des traitements qui ciblent ces récepteurs au niveau de la barrière hémato-encéphalique. A plus long terme, nous aimerions étudier les facteurs de susceptibilité individuels conduisant au développement de ces infections. Ceci permettrait de réaliser un suivi personnalisé des nourrissons à risque nés de mère colonisée par ce variant", conclut Julie Guignot.

*De l’Inserm, du Collège de France, du CNRS, de l’Institut Pasteur, de l’Université de Paris et de l’AP-HP.