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L'interview du week-end

Fin du Dry January : quel est vraiment son impact sur l'addiction à l'alcool ?

C'est la fin du Dry January ("le mois sobre"). Le Dr Marion Zami, médecin addictologue à la clinique Saint-Barnabé de Marseille, explique l'impact de cette démarche sur la dépendance à l'alcool. 

Fin du Dry January : quel est vraiment son impact sur l'addiction à l'alcool ? Diy13 / istock.




- Pourquoi docteur - Quel est l’impact d’un arrêt de consommation d’alcool durant un mois ? Cela a-t-il réellement des conséquences sur le niveau de l'addiction ?

Dr Marion Zami - L’arrêt de la consommation d’alcool durant un mois a plusieurs intérêts : un intérêt somatique d'abord, avec une amélioration de l’état cutané et du sommeil, souvent accompagné d'une perte de poids. Un intérêt psychologique ensuite : on peut tirer satisfaction de se fixer un objectif et de l'atteindre, prendre du plaisir dans les moments de la vie sans l’aide de l’alcool, et améliorer les troubles anxieux ou dépressifs.  

Concernant l'addiction à l'alcool, le Dry January ne résoudra pas le problème mais permet de tester sa capacité à ne pas consommer, de demander de l’aide à des professionnels en cas de difficultés, et ainsi de modifier sa façon de boire.   

- Comment la consommation d’alcool agit sur notre santé ?

Il y a un impact à court terme, notamment avec le "binge drinking" (boire vite et beaucoup) :  risque d’accident de circulation, violence auto ou hétéro agressive, suicide, coma éthylique, rapports sexuels non consentis, hépatite alcoolique aigüe.

A moyen ou long terme, la consommation d’alcool peut entraîner des pathologies hépatiques (cirrhose,..), cardio vasculaire (HTA, hémorragie cérébrale), cancer (ORL, sein, digestif), ou encore des troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement) et neurologiques (syndrome de Korsakoff, neuropathie). 

- Qu’est-ce qu’une "consommation excessive" d’alcool ? Et quelle est la différence entre l'alcoolisation aigüe et chronique ?

Tout verre d’alcool a un impact négatif sur la santé, et au-delà de 2 verres par jour (sans respecter des jours sans consommation) celle-ci est excessive.
Une alcoolisation est aigue si elle ne se prolonge pas dans le temps, mais n’en est pas pour autant anodine. Une alcoolisation chronique est régulière dans la durée : la personne tolère mieux les effets de l’alcool en termes de comportement, mais l’impact sur les organes n’est pas négligeable.

- A quelle fréquence de consommation commence l’addiction ?

L’addiction se définit selon le DSM V par une forme sévère de trouble de l’usage de substances. La sévérité dépend du nombre de critères présents parmi les 11 recherchés : on y retrouve la perte de contrôle des consommations, l’impact négatif de la consommation sur les activités scolaires ou professionnelles, ou encore la poursuite de la consommation malgré la prise de conscience de ses conséquences négatives. C’est le nombre de critères présents qui définit l’addiction et non la fréquence de consommation.

- Qu’est-ce que le "craving" en addictologie ?

Le "craving" est un besoin irrépressible de consommer ou d’exécuter un comportement addictif alors qu’on ne le souhaite pas. La personne souffre de ressentir cette pulsion incontrôlable. Il fait partie des critères de définition de l’addiction et a un intérêt pronostique, puisqu’il favorise le risque de rechute.

- Quels sont les premiers signes de dépendance à l’alcool ?

La dépendance commence par une tolérance à l’alcool, c’est-à-dire un besoin d’augmenter les doses pour en avoir les mêmes effets. Puis la consommation ne sert plus à apporter du plaisir mais à éviter un manque, qui peut évoluer vers un syndrome de sevrage (sueurs, nausées, tremblements, tachycardie, agitation voire crise d’épilepsie et délirium tremens).

- Comment réduire sa dépendance à l’alcool ?

Pour les personnes ayant un trouble de l’usage de l’alcool sévère, il est primordial d’avoir un accompagnement médical, psychologique et social.

Pour diminuer les risques de la consommation d’alcool, il est conseillé de réduire la quantité d’alcool consommée, de s’hydrater, mais aussi d’éviter de boire dans certaines circonstances (pendant la grossesse, pendant la période de croissance, en cas de conduite, et avec certains traitements ou certaines pathologies).

- Certains alcools sont-ils plus addictifs que d’autres ?

Tous les alcools ont le même potentiel addictif. En revanche, le même volume d’alcool peut apporter des quantités d’alcool pur différentes en fonction du degré de l’alcool concerné. Pour uniformiser la quantité consommée, on utilise l’unité du "verre standard" (= 25cl de bière à 5° = 12cl de vin à 12° = 3cl de vodka à 40°).

- Quel est le niveau de dangerosité de l’alcool ?

Toute consommation est dangereuse, mais le niveau de risque augmente avec la quantité d’alcool ingérée et quand l'habitude de boire s'installe dans le temps.

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