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Atrophie optique dominante

Une nouvelle thérapie génique contre les maladies oculaires

Par Charlotte Arce

Des chercheurs du Trinity College de Dublin viennent de mettre au point une nouvelle approche de thérapie génique offrant l’espoir de soigner un jour l’atrophie optique dominante, une maladie oculaire qui entraîne une perte progressive de la vision.

kontekbrothers/iStock
En restaurant le fonctionnement du gène OPA1, la thérapie génique a permis d'améliorer les performances des mitochondries, responsables de l'apparition de l'atrophie oculaire dominante.
Cette technique pourrait aussi aboutir à des traitements pour d'autres troubles liés au vieillissement cellulaire, comme les maladies neurodégénératives.

Consistant à introduire du matériel génétique pour "corriger" les cellules d’un malade, la thérapie génique offre depuis plusieurs années des résultats prometteurs contre des maladies lourdes et incurables comme certains cancers et maladies neurodégénératives.

Une nouvelle étude publiée dans la revue Frontiers in Neroscience et menée par des scientifiques du Trinity College de Dubin, en collaboration avec des équipes cliniques du Royal Victoria Eye and Ear Hospital et du Mater Hospital, a montré que la thérapie génique pourrait aussi aboutir à un traitement contre l’atrophie optique dominante (AOD). De manière plus large, elle pourrait également avoir des implications pour une série beaucoup plus large de troubles neurologiques associés au vieillissement.

Une dégénérescence des mitochondries

Caractérisée par une dégénérescence des nerfs optiques, l’atrophie optique dominante commence généralement à provoquer des symptômes chez les patients au début de l'âge adulte : une perte de vision modérée et certains défauts de vision des couleurs, même si leur gravité varie. Les symptômes peuvent aussi s'aggraver avec le temps et aboutir à la cécité totale chez certains patients. Il n’existe actuellement aucun moyen de prévenir ou de guérir l’AOD.

Sa survenue est due à des mutations du gène OPA1, essentiel au bon fonctionnement des mitochondries, qui sont les producteurs d’énergie dans les cellules. Sans la protéine fabriquée par OPA1, la fonction mitochondriale est sous-optimale et le réseau mitochondrial, qui est bien interconnecté dans les cellules saines, est fortement perturbé, ce qui peut aboutir à l’apparition, puis à la progression de l’atrophie optique dominante.

Cette nouvelle thérapie génique a été testée avec succès auprès de souris traitées avec un produit chimique ciblant les mitochondries et vivant par conséquent avec des mitochondries dysfonctionnelle. Elle a également amélioré les performances des mitochondries dans les cellules humaines qui contenaient des mutations dans le gène OPA1, ce qui laisse espérer qu'elle pourrait être efficace chez l'homme.

Une thérapie potentiellement efficace contre Alzheimer et Parkinson

Les scientifiques ont également découvert que leur thérapie génique améliorait les performances des mitochondries dans les cellules humaines qui contenaient des mutations dans le gène OPA1, ce qui laisse espérer qu'elle pourrait être efficace chez l'homme.

"Nos résultats démontrent de façon passionnante que cette thérapie génique basée sur l'OPA1 peut potentiellement apporter des bénéfices pour des maladies comme l'AOD, qui sont dues à des mutations de l'OPA1, et peut-être aussi pour un plus large éventail de maladies impliquant un dysfonctionnement mitochondrial", affirme le Dr Daniel Maloney, auteur principal de l’étude. Cela inclus d’autres maladies neurodégénératives comme Parkinson et Alzheimer, qui sont liées au vieillissement et au dysfonctionnement progressif des mitochondries.

"Nous sommes très enthousiastes à l'idée de cette nouvelle stratégie de thérapie génique", explique le Pr Jane Farrar, co-autrice des travaux. Même si, nuance-t-elle, "il reste un long chemin à parcourir du point de vue de la recherche et du développement avant que cette approche thérapeutique puisse un jour être disponible en tant que traitement".