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Cerveau

Apprendre à jouer d'un instrument améliore la mémoire et la concentration des enfants

Par Amanda Breuer-Rivera

L'apprentissage d'un instrument de musique améliorerait les capacités d'attention et de mémoire des enfants.

FamVeld/istock
Les enfants qui suivent une formation musicale auraient une meilleure mémoire et une plus grande capacité de concentration
Le traitement par l'apprentissage de la musique pourrait être une piste de prise en charge de la TDAH
Rayé en 2008 des programmes scolaires, l'enseignement de la flûte à bec n'était peut-être pas si mauvaise chose. Selon une nouvelle étude publiée ce 8 octobre dans la revue Frontiers in Neuroscience, des scientifiques chiliens assurent que apprendre à jouer d'un instrument peut être bon pour le cerveau des enfants. Ils affirment que ceux formés à cette discipline se concentrent mieux et se remémorent mieux grâce à aux régions cérébrales du contrôle de l'attention et du codage auditif. Ces deux fonctions favorisent également la lecture, la résilience, la créativité et la qualité de vie. Bref, apprendre à jouer d'un instrument rend plus vif d'esprit et mieux dans sa peau. Des bienfaits dont la chercheuse principale de l'étude est parfaitement convaincue puisqu'en parallèle à sa carrière d'universitaire en neuroscience à Université pontificale catholique du Chili, elle donne également de leçons de violon.

Sa conclusion s'est imposée après avoir testé l'attention et la mémoire de 40 enfants de 10 à 13 ans. La moitié de la cohorte étudiait un instrument de musique depuis au moins deux ans à raison d'au moins 2h par semaine tout en jouant dans un orchestre ou ensemble. L'autre moitié n'avait pas de formation musicale autre que celle dispensée à l'école. Grâce à l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), l'activité cérébrale de ces enfants a été mesurée durant un test de "tâche bimodale, auditive et visuelle, d'attention et de mémoire de travail". Si le temps de réaction était le même entre les petits musiciens et les autres, ils se différenciaient par la mémoire bien plus performante chez les étudiants en musique. 

Meilleure attention et mémoire

"Notre découverte la plus importante est que deux mécanismes [processus neurochimiques, NDLR] différents semblent sous-tendre la meilleure performance des enfants entraînés musicalement dans la tâche d'attention et de mémoire, affirme Leonie Kausel. L'un prend en charge les mécanismes d'attention plus généraux au domaine [manière dont les modalités sensorielles comme la chaleur, le son ou la lumière, sont codées par le cerveau, NDLR], et l'autre s'occupe des mécanismes de codage auditif plus spécifiques." Ainsi ces deux mécanismes semblent être amélioré chez les enfants formés musicalement.

Traiter l'hyperactivité

Le mécanisme d'attention active principalement le réseau de contrôle fronto-pariétal. Ce réseau à grande échelle composé de diverses régions cérébrales traite des tâches exécutives, axées sur les objectifs et les tâches cognitives les plus exigeantes. Le mécanisme de codage auditif stimule surtout le gyrus frontal inférieur et le gyrus supramarginal qui se trouvent à l'avant et au centre du cerveau. Ils font partie de la soi-disant "boucle phonologique", un système de mémoire de travail impliqué dans le traitement auditif, l'établissement de connexions auditive-motrices, et la mémoire de travail auditive tonale et verbale. Pour les chercheurs chiliens, l'éducation musicale augmente l'activité fonctionnelle de ces deux réseaux cérébraux. "La prochaine étape du projet consiste à établir la causalité des mécanismes que nous avons trouvés pour améliorer l'attention et la mémoire de travail, explique-t-elle. Nous visons également à faire une étude longitudinale sur la formation musicale avec les enfants, l'évaluation de l'attention et de la mémoire de travail, et la possibilité d'évaluer une intervention de formation musicale sur les enfants atteint du trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)."