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Politique

Municipales : la peur de la Covid-19 première raison des abstentionnistes

Par Amanda Breuer-Rivera

Selon un sondage Ipsos-Sopra Steria, l'épidémie de la Covid-19 a été la raison qui a été le plus déclaré pour le choix de l'abstentionnisme. Explications.

Thibault Renard/iStock

Pandémie donc pas de vote ? C'est ainsi que 43% des abstentionnistes motivent leur rendez-vous manqué aux urnes ce dimanche 28 juin, selon un sondage Ipsos Sopra-Steria pour Radio France, France Télévisons et les chaînes parlementaires. Cette étude a été réalisée les 26 et 27 juin auprès de 3004 personnes inscrites sur les listes électorales et représentatives de la population âgée de 18 ans et plus. Ces électeurs absents ont représenté près de 59% du corps électoral, un record qui en bat un autre atteint au premier tour de ce même scrutin le 15 mars dernier. À cette époque - ante-confinement -, 39% des abstentionnistes avaient alors invoqué cette peur. La crainte d'être contaminé par la Covid-19 semble s'être renforcée de 4 points malgré une meilleure préparation de l'organisation du scrutin - porte obligatoire du masque, distribution de gel hydroalcoolique ou de gants par exemple.

"Le contexte de la crise sanitaire n'est toujours pas estompé pour les électeurs", a souligné le chercheur du Cevipof Bruno Cautrès sur franceinfo. Pour cause, un autre volet du sondage s'intéresse à la corrélation entre la peur de la maladie et la volonté de s'abstenir. Selon l'étude parmi les personnes se déclarant "très inquiets" 37% ont décidé de bouder les urnes, contre 60% des "plutôt inquiets" et 54% des "pas du tout inquiets" et des "pas vraiment inquiets".

Crise démocratique

La Covid-19 semble avoir bon dos, trois mois entre les deux tours leur ayant donné tout le loisir de remplir une procuration. Selon Bruno Cautrès sur Cnews il s'agit d'une tendance plus profonde de la démocratie française. "À l'exception des européennes en mai 2019 où on avait vu un regain de participation, on voit s'inscrire progressivement une forme de démocratie de l'abstention en France", analyse-t-il. Les autres raisons invoquées sont à 38% (+5% par rapport au 1er tour) "les élections ne changeront rien à leur quotidien", à 27% (+3%) "aucun candidat ne les a convaincus" et à 25% "ils ont d'autres préoccupation en ce moment". Montrer "leur mécontentement à l'égard de la classe politique en générale" est énoncé à 24%.

Selon, les sondeurs le Covid-19 a aussi bouleversé le temps de la campagne municipales. "Campagne qui a été la plus longue de la Ve République et qui n'est jamais montée en puissance", explique Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l'Ifop, sur Cnews. "On a eu cette longue période très particulière où le soufflet est un peu retombé", atténue aussi Brice Teinturier, le directeur général délégué de l'institut de sondages Ipsos, sur France 2.

Cependant cette cartographie de l'abstention montre de forts contrastes. "On voit aussi des mobilisations très fortes dans des villes où il y a de l'enjeu", comme à Perpignan (52,8%), à Nancy (57,9%, contre 62,9% au premier tour) ou à Bastia (35,9%), insiste Brice Teinturier, qui rappelle que "la moyenne nationale recouvre des différences".