ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > États-Unis : le Texas "freine" son déconfinement

Monde

États-Unis : le Texas "freine" son déconfinement

Par Amanda Breuer-Rivera

Le gouverneur du deuxième État le plus peuplé des États-Unis a annoncé "freiner" le déconfinement du territoire. Pourtant même si le nombre d'hospitalisation pour la Covid-19 a doublé en quelques jours, il refuse de fermer les commerces.

tonda/iStock

Sauver des vies ou son économie ? Face à ce dilemme le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, entend soutenir les deux dans un périlleux exercice d'équilibriste. Après avoir confiné son État - le deuxième le peuplé du pays avec près de 29 millions d'habitants - en avril, le Texas a été l'un des premiers à déconfiner en mai cependant depuis la mi-juin le nombre de contamination avérée suit une courbe exponentielle. À 1 254 cas quotidien le 15 juin, le nombre de nouveaux cas détecté n'a cessé d'augmenter jusqu'à atteindre 5 996 nouveaux cas répertoriés le 25 juin dernier, un record. En somme, le nombre de contaminations avérée a été multiplié par près de 5 en 10 jours seulement. L'épidémie se concentre surtout dans le "triangle texan" regroupant la zone urbaine de Houston, Dallas, Austin, San Antonio.

Cliquez sur l'image pour agrandir

Dans la lignée de cette flambée de cas, le rythme quotidien de ces décès fait également preuve d'une grande constance depuis la mi-avril et ce malgré le confinement. Ce 25 juin, le nombre total de morts dues à la Covid-19 dans cet État du sud des États-Unis était de 2 296. Et cette accélération du nombre de malades met sous pression les hôpitaux texans. Le 15 juin dernier 2 326 personnes étaient hospitalisées pour cette maladie contre 4 739 le 25 juin dernier, un nombre qui a doublé en moins de deux semaines. Selon le service sanitaire de l'État du Texas, l'État compte à ce jour encore 12 597 lits disponibles dont 1 322 lits de réanimation mais le risque de saturation devient de plus en plus palpable. Interrogé par le Texas Tribune, Marc Boom, le chef du système hospitalier methodiste de Houston, a déclaré la semaine dernière que si le nombre de nouveaux cas croît de manière trop rapide [NDRL : ce qu'il s'est produit depuis], cela pourrait éventuellement challenger notre capacité à traiter les patients Covid-19 ainsi que les autres en même temps.

Paralysie politique

Pourtant le gouverneur ne se résout pas à confiner à nouveau. "Les Texans ont déjà montré que nous n'avons pas à choisir entre l'emploi et la santé, on peut avoir les deux, a-t-il assuré cette semaine. Nous pouvons protéger la vie des Texans tout en restaurant leur habitudes de vie." Oubliant ainsi son engagement de début mai, au début du déconfinement, lorsque'il avait déclaré qu'il considérerait comme un "signal d'alerte" si 10% ou plus des tests de la population devenaient positif. À raison d'un nombre de tests constant depuis la mi-mai - autour de 30 000 par jour - puis d'un accroissement depuis le 20 juin - entre 35 et 40 000 -, ce seuil a été franchi le 23 juin dernier. Il était de 11,75% le 25 juin dernier, il tutoie désormais les mêmes valeurs que lorsque du début du confinement en avril.

Face à cette dégradation de la situation, le gouverneur texan a choisi de "freiner" le déconfinement en renforçant le protocole sanitaire dans les centres de soin pédiatriques ainsi que d'annuler toutes les opérations chirurgicales non nécessaires dans les quatre grandes villes de l'État. Dans un communiqué de presse, Greg Abbott a incité les citoyens à porter les masques et respecter les consignes de distanciation sociale sans toucher à la capacité d'accueil des commerces - les restaurants sont limités à 75% et les bars à 50%. “En tant qu’État, la dernière chose que nous voulons est de retourner en arrière et de fermer les commerces”, a-t-il ajouté.

Désastre économique en cours

Pourquoi ce choix ? Certainement à cause du désastre économique en cours au Texas. Depuis la mi-mars 2,6 millions de personnes ont déclaré avoir perdu leur emploi. En mai 2020, l'État a enregistré un taux de chômage de 13% contre 3,4% l'année dernière, soit le deuxième taux le plus élevé de son histoire - après la Grande dépression de 1929. Ce taux de chômage est dans la moyenne nationale et largement au-dessus du pic de 8% de chômage lié à la dernière crise économique de 2008. Le "Texan Tribune" rapporte que de nombreuses familles se sont rendues dans les programmes d'aides alimentaires et les banques alimentaires qui parfois se sont retrouvés en rupture de stock. Or la réouverture de l'économie a permis de réduire le nombre de nouvelles personnes se retrouvant sans travail.

À cette donnée s'ajoute une autre plus politique. Selon le professeur de santé publique à Harvard Barry Bloom, interrogé par l’AFP jeudi lors d’un briefing avec des journalistes, il se peut que le Texas "doive fermer certaines des choses qu’ils avaient rouvertes", "un choix désagréable pour un gouvernement "