ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > AVC : pourquoi les femmes sont moins bien prises en charge que les hommes

Traitements

AVC : pourquoi les femmes sont moins bien prises en charge que les hommes

Par Diane Cacciarella

Selon une étude, les médecins prescrivent moins de traitements anti-coagulants aux femmes victimes d’un accident vasculaire cérébral qu’aux hommes. Cette différence s’expliquerait par des symptômes différents en fonction du sexe.

KatarzynaBialasiewicz/iStock
Les traitements anti-coagulants sont moins prescrits pour les femmes que pour les hommes en cas d'AVC
Cette différence dans la prise en charge est liée notamment à des symptômes qui ne sont pas les mêmes chez les femmes

110 438 patients ont été hospitalisés pour un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2014, en France, selon Santé publique France. C’est la première cause de mortalité chez les femmes et la troisième chez les hommes. Pourtant, la prise en charge n’est pas la même. Selon une étude publiée dans la Revue Neurology, après avoir fait un AVC, les patientes auraient 13% de chance en moins d’avoir un traitement anti-coagulant que les individus de sexe masculin. 

A partir de 50 ans, les femmes vivent plus souvent seules

Cette différence n’est pas nouvelle, mais l’écart se réduit au fil des années. Entre 2000 et 2008, la différence entre les deux sexes était de 30%, selon une analyse synthétique de la littérature scientifique sur ce thème. Les chercheurs de l'université du Michigan, auteurs de cette nouvelle étude, ont donc actualisé ces précédents travaux pour observer l’évolution de ce pourcentage. Pour parvenir à 13%, ils ont analysé 24 études parues entre 2008 et 2018 regroupant, au total, plus d'un million de cas de patients victimes d'un accident vasculaire cérébral. "Il est absolument nécessaire de mener des recherches supplémentaires pour comprendre pourquoi cet écart persiste et s'il continue à se réduire", indique Mathew Reeves, co-auteur de l'étude, dans un communiqué. Nécessaire, voire indispensable car la conséquence est que certaines femmes ne bénéficient pas de traitements alors qu’elles en auraient besoin. 

Les femmes minimisent plus les symptômes d’un AVC

Le débat autour de cette moins bonne prise en charge des maladies cardiovasculaires chez les femmes n’est pas récent. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce constat. Tout d’abord, à partir de 50 ans, il y a plus de femmes qui vivent seules que d’hommes, selon l’INSEE (http://www.observationsociete.fr/structures-familiales/personnes-seules/evol_vie_solo.html). Si bien que chez les plus de 80 ans, 62 % des femmes vivent seules, contre seulement 27 % des hommes. Si elles sont seules quand elles ont un AVC, la prise en charge peut être retardée ou même arriver trop tard. Cette donnée est d’autant plus importante que les femmes ont des AVC à des âges plus avancés que les hommes. D’autre part, les symptômes féminins d’un AVC sont atypiques et généralement moins bien connus par le corps médical que ceux des hommes. Selon la Fédération Française de Cardiologie (https://www.fedecardio.org/sites/default/files/image_article/DOSSIER-DE-PRESSE-FFC-Coeur-de-Femme.pdf), près de 2/3 des femmes qui décèdent d’un infarctus n’ont pas eu de signaux d’alarme classiques. De plus, les manifestations de ces symptômes ont tendance à être minimisés par les femmes, qui les pensent liées au stress ou à la fatigue. Une analyse qui peut être très dangereuse car plus un AVC est pris en charge tardivement, plus ses conséquences seront graves.