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Hypertension artérielle

Première en France : un pacemaker pour baisser la tension

Par Melanie Gomez

Implanté sur les artères carotides, ce stimulateur permet de moduler la tension chez les patients souffrant d’hypertension résistante aux médicaments.  

LEHTIKUVA OY/SIPA
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L’intervention réalisée le 12 juillet dernier a duré 2h, sous anesthésie générale. Il s’agit de la première implantation en France d’un dispositif capable de réguler la tension artérielle. Cette équipe de médecins du CHU de Lyon a donc implanté chirurgicale, chez un patient âgé de 77 ans, un appareil qui ressemble à un pacemaker au niveau des artères carotides, les gros vaisseaux qui irriguent le cerveau. Pourquoi avoir choisi cette zone du corps pour insérer ce stimulateur? C’est parce qu’à cet endroit se trouve des barorécepteurs. C’est à dire des récepteurs capables de stabiliser et d’adapter en permanence la pression artérielle aux changements d’activité ou de position (quand on se lève brusquement par exemple).

 

Ecoutez le Pr Pierre Lantelme, chef du service cardiologie à l’hôpital de la Croix Rousse à Lyon : « C’est une zone stratégique. En la stimulant en permanence chez ce patient, on va donner une information au cerveau, qui va le conduire à faire baisser la tension du malade. »


 

Ce stimulateur mesure environ 4/4cm et fait 0,5 cm d’épaisseur. Il est placé sous la peau, à partir d’une incision réalisée au niveau du muscle de la poitrine. Comme tous les dispositif de pacemaker en général, la pile de ce stimulateur doit être changée entre 3 et 5 ans. En revanche, ce renouvellement de la batterie nécessite une intervention beaucoup plus légère avec seulement une anesthésie locale. A noter que si c’est une première française, d’autres pays comme l’Allemagne ou les Etats Unis l’ont déjà expérimenté. D’ailleurs lorsque les équipes chirurgicales entraînées parviennent à faire cette implantation en moins d’1h.  Quoiqu’il en soit l’intervention lyonnaise s’est bien déroulée, le patient se porte tout à fait bien d’après ses médecins. Le pacemaker cependant, ne sera activé que dans 2 semaines en raison d’une phase de cicatrisation. C’est seulement à ce moment là que les spécialistes pourront mesurer la tension au long court et constaté de l’efficacité de ce dispositif. Mais d’ores et déjà, au moment de l’opération, les chirurgiens ont réalisé des tests très encourageants.

 

Ecoutez le Pr Pierre Lantelme : « Le chirurgien a posé son électrode à l’endroit précis dans la zone de la carotide où la réponse tensionnelle était le plus importante. En peropératoire déjà, on a vu la tension baisser. »


 

Les données scientifiques sur ce type d’implantation publiées à l’étranger laissent espérer que la tension du 1er patient français baisse d’environ 3 points. Ce patient de 77 ans avait, malgré la prise de 7 traitements, une pression moyenne à 17/11. Ces médecins pensent qu’il est possible que le stimulateur permette de faire chuter sa tension a 14/9. Toutefois cette innovation, si elle se développe en France, ne s’adressera pas aux 14 millions d’hypertendus de l'Hexagone. Ce pacemaker devrait être proposé uniquement à une partie de 5 à 10% de patients qui sont résistants aux traitements. Concrètement, ceux qui en parviennent pas à une tension artérielle à moins de 14/9 malgré l’absorption de plusieurs médicaments adaptés.