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La chronique du Docteur Lemoine

Les grands-parents ont le choix d’être dangereux ou bénéfiques pour la santé de leurs petits-enfants

Par le Dr Jean-François Lemoine

Dans la plupart des civilisations, les grands-parents ont un rôle d’éducation primordial. C’est l’ordre des choses depuis la nuit des temps. C’était sans compter sur l’industrialisation, la migration vers les villes. La mission éducative en prend un sérieux coup et tout ce qui fait la richesse de la transmission de l’expérience, en particulier une certaine forme de « répression » éducative, inquiète beaucoup les psychiatres.  

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La civilisation des loisirs, de la retraite à 65 ans, l’allongement important de la durée de la vie, les conflits générationnels et cette nouvelle tendance de « profiter » qui est le signe d’un troisième âge réussi, ont changé la donne.

Avec ses grands-parents, on mange trop ; trop gras, trop sucré. On ne bouge pas assez et les séances éducatives sont souvent remplacées par des séances interminables de télévision ou de jeux vidéo pendant que papy fait ses mots croisés. La tendance – pas chez tous fort heureusement comme ne manqueront pas de nous le signaler de nombreux internautes – est à l’ennui. Des deux côtés d’ailleurs. C'est la théorie suggérée par une équipe de chercheurs de l'université de Glasgow. Le monde de la psychiatrie n’avait d’ailleurs pas attendu cette étude pour tirer le signal d’alarme.

Il faut dire que, débarrassé des contraintes économiques d’autrefois, le couple grand-parent/petit-enfant est, sur le papier, idéal. C’est même souvent le premier pilier face au délicat problème des familles recomposées.

Disponibles, actifs, plus aisés, ils n’ont pas envie de gâcher leur relation en devenant les censeurs, et c’est là que le bât blesse.

Les médecins d’ailleurs devraient s’en douter tant les messages de prévention secondaire – c’est-à-dire pour éviter une fois une maladie diagnostiquée qu’elle ne s’aggrave – est un mur contre lequel s’écrasent les meilleures volontés de leurs patients âgés.

Manger moins, manger mieux et faire de l’exercice physique est le trépied solide de la médecine moderne

Un concept simple qui va aussi comme un gant aux jeunes générations. C’est donc cette prise de conscience que les médecins aimeraient bien faire prendre à ce couple singulier. Une démarche gagnant-gagnant, où chacun n’a que du bonheur et des années de vie à faire gagner à l’autre, ce qui est quand même l’objectif majeur de ces couples qui s’aiment.

La prescription est simple : manger à heures régulières des plats fabriqués ensemble en prenant le temps de comprendre pourquoi on mange mieux. Il ne faut jamais perdre de vue que la table de famille est l’université de la vie.   

Bouger en s’amusant

Pas forcément besoin d’aller dehors lorsqu’il fait froid pour lutter contre la sédentarité. Les fabricants de consoles de jeu que l’on appelle actives, c’est-à-dire qui demandent un effort physique, l’ont bien compris… Au départ, cette stratégie était certainement imaginée pour permettre aux enfants de sortir des sarcasmes habituels de leurs parents qui les accusent de rester trop longtemps devant les jeux vidéo. En leur donnant une argumentation béton pour justifier l’achat familial de ces consoles d’exercice. L’enfant, aidé par les messages publicitaires des fabricants, arrive à convaincre les parents du bienfait physique et le tour est joué pour acheter les jeux de guerre habituels.

Rappelons, à ceux qui ne le sauraient pas encore, que ces programmes permettent de faire de l’exercice physique à la maison devant un écran avec toute une série d’accessoires…

C’est là que le médecin peut donner un sérieux coup de main en prescrivant ce type d’exercice aux seniors de la maison. Des cardiologues ont effectué des mesures, très précises, pour quantifier la dépense énergétique de ces exercices. Ils ont mis les joueurs dans des chambres très spéciales qui mesurent parfaitement ces dépenses.

Les exercices effectués avec ces jeux méritent-ils effectivement le terme d’exercice physique ? Les chercheurs ont découvert, qu’en termes d’activité physique, la dépense énergétique développée pour le programme fitness ou sport de la console correspond à trois fois en chiffre à ce que l’on définit en médecine comme une activité modérée.

Certains médecins, un peu plus « branchés » que les autres, se sont mis à prescrire des consoles… ou du moins les conseiller !

C’est vrai que sur le papier, c’est une solution moderne pour redonner le goût de l’activité à ceux qui ne l’ont pas encore – les enfants – et ceux qui l’ont perdu ; les parents ou mieux, les grands-parents.

Une console, pour tous ceux qui n’ont pas de troubles de l’équilibre, qui peuvent se tenir sur cette petite plateforme sans risque et qui ont besoin d’activité physique.

Avec deux bémols…

D’abord que ce n’est pas parce que l’on a une opportunité de faire de l’exercice qu’on a le courage de le faire ; car il n’y a pas de miracle, console ou pas, cela fatigue !

Ensuite, il faut faire attention aux chutes, d’autant plus si le petit-fils force sa grand-mère à l’imiter.

Mais c’est un premier terrain d’entente pour réconcilier les « Anciens » toujours un peu sidérés par le nombre de paquets au pied du sapin. D’ailleurs, les études sont nombreuses pour démontrer que les jeux simples sur console retardent les troubles de la mémoire après 70 ans. Une façon de joindre l’utile à l’agréable et d’apaiser une partie des tensions générationnelles, tout en ne faisant pas de la maison des grands-parents un piège à ennui.