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Découverte

Grippe : cet adjuvant triple l'efficacité du vaccin

Par Raphaëlle de Tappie

Un adjuvant du nom de bromure d’azoximère permettrait de tripler l'efficacité du vaccin anti-grippe, ont découvert des chercheurs russes. 

Tero Vesalainen/iStock

Chaque année, la grippe tue des centaines de milliers de personnes dans le monde et de nouvelles épidémies se propagent. Aussi, de nombreux chercheurs travaillent à mettre au point des vaccins plus efficaces et à portée universelle contre ce virus qui ne cesse d’évoluer. Il y a quelques semaines, des scientifiques américains ont annoncé avoir découvert de nouvelles combinaisons d’anticorps pouvant se lier à la surface des virus grippaux. Aujourd’hui, ce sont des chercheurs russes qui font parler d’eux. Ils auraient découvert un adjuvant capable de tripler l’efficacité du vaccin anti-grippe. Mieux encore : d’après leurs résultats présentés lors d’un congrès russo-chinois sur les maladies infectieuses qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg (Russie) du 5 au 7 novembre, l'utilisation potentielle de cet adjuvant ne se limiterait pas aux vaccins antigrippaux.

Un adjuvant est une molécule “ennemie” que le système immunitaire peut combattre avec des anticorps. Ajouter un adjuvant à un vaccin permet donc d’augmenter la réponse immunitaire à l’antigène injecté. Aussi, si un vaccin est produit avec des adjuvants, moins de substances actives sont nécessaires à sa fabrication.

Depuis une vingtaine d’années, le laboratoire russe Petrovax teste un adjuvant au potentiel “universel” qui répond aux normes mondiales d’efficacité et de sécurité, le bromure d’azoximère, dans les vaccins grippaux. Récemment, il l’a essayé sur des souris. Les animaux ont été partagés en quatre groupes. Ces derniers ont reçu une injection d’antigènes vaccinaux avec et sans adjuvant, un vaccin avec une quantité standard de l’antigène ou encore une solution vaccinale utilisée comme placebo.

Moins il y a d'antigènes, le plus le risque d'effets secondaires est faible

Les chercheurs ont ainsi pu constater qu’en présence de bromure d’azoximère, le vaccin contenant une quantité moindre d’antigènes était aussi efficace que celui dont la teneur en antigènes était trois fois supérieure. Cet adjuvant aurait également la capacité d’augmenter rapidement l’activité des cellules dendritiques qui combattent plus rapidement les cellules infectées. “Dès qu'une telle cellule atteint un ganglion lymphatique, la réponse immunitaire commence à se développer et les défenses de l'organisme se forment”, notent les auteurs de l’étude. Cela permet notamment d’obtenir une réponse plus efficace et un temps de rétablissement plus court.

L'utilisation d'adjuvants permet d'appliquer une stratégie dite d'économie d'antigènes. Si on produit plus de vaccins à partir de la même quantité d'antigènes, la fabrication peut être lancée plus rapidement et davantage de personnes peuvent être vaccinées dans des délais plus courts, ce qui est extrêmement important en période d'épidémie. De plus, les antigènes sont des protéines étrangères à notre organisme, et moins on en injecte, plus le risque d'effets secondaires est faible”se félicite Alexey Matveichev, directeur du centre d'études précliniques de Petrovax. 

D’après l’expert, des vaccins à base de bromure d'azoximère sont utilisés en Russie et dans de nombreux autres États depuis 1996. Des recherches précédentes ont par ailleurs démontré sa capacité à activer la réponse immunitaire à une vastes d’autres agents pathogènes affectant aussi bien les animaux que les humains, explique le chercheur. Aussi, l’utilisation potentielle de cet adjuvant ne se limite pas aux vaccins antigrippaux. 

Plus de 8 000 décès dus à la grippe en France pendant l'hiver 2018-2019

Ces annonces tombent à pic dans la mesure où les vaccins antigrippaux traditionnels n’offrent pas de protection contre les nouveaux virus grippaux à potentiel pandémique qui ont changé. Quant aux virus grippaux saisonniers, ils mutent constamment, entraînant une inadéquation antigénique nécessitant une reformulation annuelle des vaccins contre la grippe saisonnière. Il faut donc constamment optimiser la production de nouveaux vaccins contre la grippe saisonnière et développer de nouvelles approches vaccinales contre les virus pandémiques.

En attendant, pour affronter la grippe saisonnière qui arrive en France, tous les citoyens sont invités à se faire vacciner avec le sérum pris en charge par l’Assurance maladie. La campagne de vaccination a démarré le 15 octobre et il est désormais possible de recevoir l’injection dans les pharmacies. Les autorités sanitaires espèrent ainsi éviter cette année les terribles chiffres de l’année dernière, car pendant l’hiver 2018/2019, plus de 10 000 personnes ont été hospitalisées à la suite de symptômes grippaux et plus de 1 800 personnes ont été admises en service de réanimation. Au total, 8 100 décès sont attribués à la grippe sur cette période.