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Conducteurs : visite médicale pour tous ?

Par Philippe Berrebi

Yves Détraigne n’en démord pas et il le martèle dans le Parisien : « On a tous un proche âgé qui nous fait peur au volant et à qui on ne confierait pas les enfants ». Alors, le sénateur centriste de la Marne a présenté en juin dernier une proposition de loi visant à imposer un contrôle médical aux conducteurs de plus de 70 ans avec la possibilité de la sanction couperet « d’inaptitude à la conduite ». Ce sont 8 millions de personnes qui sont visées.

Ce texte a été renvoyé en commission mais, comme le soulignent les journalistes Florence Deguen et Flora Genoux, son « auteur a atteint son but : le débat est relancé ».

C’est même un serpent de mer qui divise l’opinion et donne une exposition médiatique à ceux qui agitent le chiffon rouge. Pourtant, les arguments ne manquent pas pour les contredire. « N'importe quelle personne âgée obtiendrait gain de cause devant la Cour européenne des droits de l'homme : c'est de la discrimination », objecte la ministre des Personnes âgées, Michèle Delaunay. Même les assureurs ne  soutiennent pas une telle mesure. « Les conducteurs âgés, précise la ministre dans le quotidien, provoquent moins d’accidents qu’ils n’en sont victimes ».

Pourtant, est-il raisonnable de délivrer un permis de conduire à vie ? Plusieurs pays, comme l’Espagne ou l’Italie, demandent un check up tous les 10 ans à l’ensemble des automobilistes. D’ailleurs, le sénateur, qui va animer un groupe de travail sur cette question dès la rentrée, compte bien s’appuyer sur les exemples européens pour défendre l’idée d’un contrôle régulier en France. Mais le gouvernement pourrait bien ralentir les ardeurs d’Yves Détraigne.

Les Français et leur voiture, le sujet paraît trop sensible pour que les pouvoirs publics prennent le risque d’ouvrir une nouvelle fracture dans l’opinion. Michèle Delaunay l’a bien compris en proposant plutôt des mesures d’accompagnement. « C'est le rôle du médecin d'attirer l'attention du patient sur la baisse de son aptitude à conduire », indique-t-elle au Parisien. Quant aux personnes âgées, la ministre préfère les « accompagner (...) dans un état d'esprit réparateur ».