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Qualité de l'air

Pollution : la grève des transports en commun entraîne des pics de fréquentation aux urgences

Par Charlotte Arce

Selon une étude de l’Insee, les grèves des transports en commun dans les grandes villes entraînent une augmentation de la pollution atmosphérique et, par ricochet, une hausse des admissions aux urgences pour pathologies respiratoires.

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Aujourd’hui, la pollution de l’air est un problème de niveau planétaire. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), neuf personnes sur dix respirent un air pollué dans le monde. Chaque année, on estime que 1,3 million de personnes – plus de la moitié dans les pays en développement – meurent en raison de la pollution de l’air des villes, principales zones touchées par la pollution atmosphérique. La France n’est pas épargnée par la pollution de l’air. L’OMS estime ainsi que dans les plus grandes aires urbaines françaises, les seuils d’exposition au-delà desquels la pollution est considérée comme nuisible sont très souvent dépassés.

La pollution de l’air issue du trafic automobile est notamment pointée du doigt car elle peut avoir des conséquences néfastes à très court terme sur la santé des habitants. C’est ce que met en lumière une nouvelle étude de l’Insee rendue publique lundi 27 mai. Celle-ci s’est particulièrement intéressée au lien de cause à effet entre la pollution issue du trafic automobile les jours de grève des transports en commun et les admissions aux urgences pour certaines pathologies respiratoires.

Le résultat est édifiant : le jour où les transports en commun ne circulent pas et les deux jours suivants, les niveaux de concentration de monoxyde de carbone dans l’atmosphère sont bien plus élevés qu’à l’accoutumée.

Une augmentation de la pollution atmosphérique

Pour parvenir à ce constat, les chercheurs de l’Insee ont mesuré les taux de concentration de monoxyde de carbone dans l’air lors de 91 journées de mouvements sociaux entre 2010 et 2015 dans les dix plus grandes aires urbaines françaises : Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Lille, Nice, Nantes, Strasbourg et Rennes.

L’objectif : mesurer si les grèves de transports en commun ont un impact sur la pollution de l’air. En effet, nombreux sont les travailleurs à prendre leur voiture pour aller travailler en ces journées de mouvements sociaux où ni les trains, ni les bus, ni les tramways ne circulent, ce qui rallonge de 7% en moyenne les temps de parcours.

Les auteurs de l’étude ont aussi constaté que les jours de grève, le nombre de véhicules enregistrés par les principales stations de comptage en périphérie immédiate des aires urbaines est plus important lors du pic matinal de circulation (de 6 heures à 9 heures) qu’un autre jour.

Cela a nécessairement des conséquences sur la qualité de l’air dans les grandes villes : le jour de grève et les deux jours suivants, le niveau de concentration de plusieurs polluants est significativement plus élevé qu’un jour "standard", note l’Insee. Dans le détail, la concentration en monoxyde de carbone (CO) est significativement plus élevé un jour de grève (+ 30 µg/m&³3;, soit 10 % de plus qu’un autre jour). Tout comme la concentration en particules fines de moins de 2,5 micromètres (PM2.5) : en moyenne de 10% à 13% supplémentaire le jour de grève et les deux jours suivants qu’un jour "normal".

Davantage d'affections aiguës des voies respiratoires supérieures 

Résultat : tandis que la pollution de l’air augmente, les visites aux urgences pour pathologies respiratoires s’intensifient. Dans les hôpitaux des aires urbaines étudiées, les chercheurs ont constaté que les admissions aux urgences pour affections aiguës des voies respiratoires supérieures (pharyngite, laryngite, etc.), étaient significativement plus nombreuses le jour de la grève : + 0,3 admission par million d’habitants, par rapport à un niveau moyen de 0,8 admission par million d’habitants un jour "standard".

Le lendemain, les admissions aux urgences pour anomalies de la respiration sont plus nombreuses que d’accoutumée : + 0,2 admission par million d’habitants. En revanche, ils ont remarqué que les pathologies respiratoires prises dans leur ensemble ne semblent pas significativement affectées le jour de grève et les suivants. Ceci s’expliquerait selon eux par un effet secondaire engendré par la grève, venant, contrairement à la pollution de l’air, diminuer les admissions aux urgences pour certaines pathologies respiratoires d’origine virale.

Autre fait à noter : les admissions aux urgences pour des grippes, des pneumonies et des gastro-entérites diminuent aussi les jours suivant la grève des transports. Selon les chercheurs, c’est parce que la grève entraîne une diminution de la fréquentation des transports en commun, et donc des contacts entre individus. Les maladies virales se propagent donc moins rapidement que d’habitude.