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Etude scientifique

Un peuple indonésien s'est adapté génétiquement à la plongée en eaux profondes

Par Johanna Hébert

Pour la première fois, une étude scientifique démontre que le corps humain s’adapte génétiquement à la plongée. C’est notamment le cas chez les Bajau, un groupe d’indigènes indonésiens dont la rate est plus conséquente. Explications. 

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Il existe un lien entre la taille de la rate et la capacité à plonger. C'est ce que démontre une étude réalisée en lien avec le peuple Bajau, appelés aussi les "nomades de la mer" et publiée dans la revue Cell. Ces personnes indigènes, qui vivent en Indonésie, ont des rates naturellement plus grandes, qui leur permettent de plonger à de plus importantes profondeurs. Le peuple Bajau est un peuple de pêcheurs, qui pendant plus de mille ans, a parcouru les mers de l’Asie du sud-est en bateau. Les "nomades de la mer" se nourrissent principalement en plongeant avec des lances.

Aujourd’hui installés sur des îles indonésiennes, ils sont encore capables de plonger dans des eaux profondes équipés de poids et d'une paire de lunette. C’est en partant de cette information que Melissa Ilardo, principale auteure de l’étude, s’est demandée si les Bajau n’avaient pas une rate génétiquement adaptée à la plongée.

Quel est le rôle de la rate ?

La chercheuse s’est inspirée des phoques de plongée profonde, notamment du phoque de Weddell, qui a une rate disproportionnée.

La rate fait partie de ce que l’on appelle le "réflexe d’immersion". Quand notre corps est submergé d’eau froide, ce réflexe se déclenche pour l’aider à survivre dans un environnement sans oxygène. Notre fréquence cardiaque ralentit et notre rate se contracte. Quand celle-ci se contracte, cela provoque un regain d’oxygène et prolonge, ainsi, le temps de plongée. Melissa Ilardo a prélevé des échantillons génétiques chez les Bajau et chez leurs voisins, les Saluan.

Une rate 50% plus grande 

Les résultats ont été concluants : les Bajau ont en effet une taille de rate médiane 50% plus grande que celle des Saluan. En revanche, même ceux qui ne plongent pas ont une rate plus grande. Notamment parce que les membres de ce peuple ont un gène en plus : le PDE10A. Les chercheurs estiment que ce gène contrôle et augmente l’hormone thyroïdienne T4, qui fait grossir ainsi la taille de la rate. C’est la première fois que l’adaptation génétique à la plongée est suivie chez l’homme.