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Enquête

Aliments transformés : qu’est-ce qui se cache dans nos yaourts ?

Par Mégane Fleury

Additifs dans les yaourts aux fruits, poudre de lait pour uniformiser les produits : les yaourts présentés comme des produits sains et naturels renferment des ingrédients parfois surprenants. Décryptage. 

prescott09 /iStock

Jusqu’à 12 additifs retrouvés dans des pots de yaourt. Le 12 avril, 60 Millions de consommateurs a publié un hors-série pour dénoncer les "entourloupes" des industriels qui tentent de faire passer des produits bourrés d’additifs pour des produits sains. Parmi les produits listés, les yaourts. Les Français consomment en moyenne 280 pots de yaourts par an. C’est l’un des chiffres les plus élevés d’Europe. Mais si ces produits plaisent, sait-on vraiment comment ils sont fabriqués et ce qu’ils contiennent ? 

Des additifs pourtant interdits

La loi française interdit l’usage d’additifs dans les yaourts. Un décret du 30 décembre 1988 affirme que "les laits fermentés peuvent être additionnés des produits suivants : extraits d'aromates, arômes naturels ainsi que, dans la limite de 30% en poids du produit fini, sucres et autres denrées alimentaires conférant une saveur spécifique". Le reste est interdit. Pourtant, dans son enquête, 60 Millions de consommateurs révèle la présence de 9 additifs dans des yaourts Carrefour aux fruits, de 7 dans ceux de la marque Taillefine aux fraises et de 12 dans les paniers de Yoplait aux fruits.

Plus précisément, l’association explique que ces additifs sont présents dans les lits de fruits et autres fruits intégrés aux préparations. Ainsi, les industriels passent à travers le maillage de la loi en expliquant qu’il n’y a aucun additif dans les yaourts eux-mêmes. On trouve pourtant des ingrédients surprenants comme le E120, un colorant fabriqué à partir de cochenilles vivant sur les cactus, broyées et séchées. De même, l’amidon est très souvent présent pour améliorer la texture et la consistance de ces produits laitiers industriels.

Le processus de fabrication

Comme pour tous les produits laitiers, la matière première du yaourt est le lait. Il est chauffé jusqu’à une température de 72°C pendant 15 secondes, c'est ce qu'on appelle la pasteurisation. Un processus qui permet d'éliminer les micro-organismes présents dans le lait et potentiellement mauvais pour l'homme.

Le lait est ensuite refroidi et maintenu à une température d'environ 43°C. Arrive alors l'étape de l’ensemencement qui consiste à incorporer des ferments lactiques : le lactobacillus bulgaricus et le streptococcus thermophilus. Ces bactéries lactiques se multiplient dans le lait. Après une période de repos, le lait va s’épaissir grâce à l’action des ferments et se transformer en yaourt. Les colorants, les saveurs (chocolat, pistache, café...) et les morceaux de fruits sont ensuite ajoutés de façon totalement artificielle. 

La poudre de lait, le secret des industriels

Dans l’industrie agro-alimentare, les produits sont standardisés, identiques quelque soit la période de l’année. Quelque soit l’endroit ou le moment, le yaourt industriel aura donc la même texture, la même teneur en gras et le même goût. Pourtant, la qualité du lait dépend de l’alimentation des vaches, qui, plus nourries en été grâce à l’herbe verte, vont produire un lait plus gras. Alors comment le yaourt industriel peut-il être identique toute l'année ?

En 2014, une enquête intitulée Le yaourt est-il blanc comme neige ? et diffusée sur France 5, expliquait que les yaourts des supermarchés était le résultat de processus longs et complexes de transformation. C’est précisément l’utilisation de la poudre de lait qui va uniformiser le yaourt dans le temps. Quant aux ferments lactiques, nécessaires pour faire des yaourts, ils sont produits à grande échelle par des sociétés spécialisées en agrochimie. C’est le cas pour la plupart des producteurs laitiers.

En somme, rien de vraiment naturel. Les yaourts industriels, notamment aux fruits, sont bel et bien des aliments transformés. Et ce, en dépit de ce que les marques prétendent dans leurs campagnes publicitaires. Pour des yaourts vraiment naturels, privilégiez les petits producteurs. Surtout, lisez bien les étiquettes des produits de supermarché pour éviter les mauvaises surprises.