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Ciseaux génétiques : la Chine devance les Etats-Unis

Par Benjamin Badache

Si les États-Unis ont développé les ciseaux génétiques CRISPR-Cas9, ce sont les Chinois qui ouvrent la voie avec cet outil révolutionnaire d'édition de gènes. Une méthode aussi fascinante qu’inquiétante.

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La génétique sera au programme des états généraux de la bioéthique ce jeudi. Parmi les questions, celle des ciseaux génétiques sera probablement abordée. Ces derniers permettent de corriger ou de modifier l’ADN. Le joyau américain n’est désormais plus leur seule et unique propriété. En effet, le Wall Street Journal rapporte que la Chine a utilisé CRISPR (ciseaux génétiques) sur au moins 86 personnes depuis 2015 à l'hôpital du cancer de Hangzhou. Jusqu'à présent, ils ont été utilisés pour traiter toutes sortes de patients atteints du VIH, de la leucémie, de cancers du rein, du poumon, du foie, de la gorge et de l'estomac. CRISPR utilise un virus modifié pour ”couper et coller” l'ADN afin d’éditer les gènes avec une précision et une rapidité incroyables.

Une différence de processus

Pendant ce temps, aux États-Unis, il n'y a toujours pas eu d'essais CRISPR sur les humains. En Chine, le docteur Wu n'a pas eu besoin de l'approbation des régulateurs nationaux, il doit simplement demander l'autorisation d'essai à la commission d'examen de son hôpital.

"La Chine n'aurait pas dû être la première à le faire, mais nous avons moins de restrictions”, résumait modestement le Dr. Wu. Les Etats-Unis planifient des essais CRISPR sur des patients cancéreux qui pourraient "commencer à tout moment", selon la MIT Technology Review. Cependant, le processus de réception de l'approbation officielle a été lent, notamment en raison des questions d'innocuité sur cette technologie. Sur un plan philosophique, il est tout aussi discutable de modifier sciemment notre ADN : il pourrait y avoir toutes sortes d'effets à long terme non intentionnels et irréversibles sur les patients. En effet, les exploits de la Chine ont été impressionnants, mais pas sans risques. Quinze patients impliqués dans les essais sont décédés ; la moitié a succombé aux effets de la thérapie.