ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Cinq questions après un accouchement dans un avion entre Paris et New-York

Y a-t-il un médecin ?

Cinq questions après un accouchement dans un avion entre Paris et New-York

Par le Dr Jean-François Lemoine

Au départ, c’est l’histoire d’une femme de 41 ans, enceinte et passagère d’un vol Paris New-York. A l’arrivée, la maman d’un petit Jake. Le « Y a-t-il un médecin dans l’avion » a fonctionné à merveille ce 17 décembre 2017, au-dessus du Groenland. Une histoire comme les médias américains les adorent… Mais qui n’interdit pas de poser quelques questions.

quintanilla

Une pédiatre française et un urologue américain n’ont pas pu profiter du film ou du survol des glaces du Groenland, en effectuant un accouchement qui s’est déroulé parfaitement normalement, en première classe, pour donner à la parturiente et à ses médecins le maximum de confort. Jake, le petit garçon, va bien, sa maman aussi, ses médecins sont ravis.

Restent quelques questions suggérées par cette anecdote heureuse.

La maman avait-elle le droit de voyager ?

On conseille aux femmes enceintes d’éviter de voyager à partir de la 37e semaine de grossesse, ce qui correspond au début du 9e mois, ainsi que durant les 7 jours qui suivent l’accouchement.

Il faut savoir, cependant, que la compagnie peut faire ce qu’elle veut et que, par exemple, de nombreuses compagnies, en particulier américaines, sans en faire de publicité, interdisent l’accès de leurs avions dès le 7e mois ; parfois plus tôt !

La prudence élémentaire consiste à demander au médecin qui suit la grossesse si ce voyage ne comporte aucun risque, en fonction du déroulement de celle-ci.

Pas besoin d'un accord médical pour voyager sur un vol Air France. Cette compagnie donne même quelques conseils utiles à ce voyage particulier :

Y a-t-il un médecin dans l’avion ?

Il y a environ 1 incident médical pour 15 à 40 000 passagers. Si la plupart sont bénins, la loi est précise : un médecin qui n’intervient pas est coupable de non-assistance à personne en danger. Un délit puni en France de cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Cette question, sur la présence d’un médecin à bord, selon le JIM, le Journal International de Médecine, serait posée 350 fois par jour au monde.

On estime que la chance d’avoir une réponse positive survient dans 80 % des cas, ce qui signifie que les médecins voyagent beaucoup. Mais pas forcément qu’ils ont envie de travailler ! Parce que les enquêtes montrent que s’ils finissent presque toujours par se signaler au personnel de bord, ils ne le font pas de gaieté de cœur, et cela, pour plusieurs raisons :

De quel matériel médical dispose le médecin dans un avion ?

Cela varie en fonction des compagnies.

Les normes européennes recommandent un matériel basique qui correspond, grossièrement, à la mallette de visite d’un médecin, ainsi qu’une pharmacie de bord en deux parties : médicaments courants ne nécessitant pas de prescription, en particulier antidouleurs, et une autre, ouverte avec l’autorisation du commandant de bord, permettant à un médecin de faire face à l’urgence. De nombreuses compagnies ont une ligne d’appel d’urgence qui met l’équipage en relation avec des structures type SAMU et le conseil de médecins d’urgence.

La compétence des médecins est-elle suffisante ?

Pratiquement tous les médecins savent ce qu’il faut faire en face des grandes urgences vitales. Ils ne disposent pas toujours d’éléments comme le défibrillateur ou le matériel d’intubation qui sont facultatifs dans les avions. Mais le rôle d’un professionnel est de gagner du temps pour permettre le déroutement de l’avion, qui est systématique si le médecin le demande.

Pour des actes plus spécialisés comme l’accouchement… tout dépend du déroulement, normal ou pas, de cet acte naturel.

Quelle est la connaissance des gestes d’urgence ?

Il faut savoir que certains membres d’équipage ont une formation assez complète au secourisme, en particulier aux gestes d’urgence. Et c’est plutôt bien parce que – on ne cessera de le répéter – moins de 20 % des Français sont formés aux gestes d’urgence. Alors que dans plus de 90 % des cas, ces gestes s’appliqueront à une personne que l’on aime ou que l’on connaît bien. Un conjoint, un enfant, ou un collègue de travail en avion.