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AFM-Téléthon

Myopathie de Duchenne : résultats prometteurs pour une nouvelle thérapie génique

Par Anne-Laure Lebrun

Une thérapie génique a permis de restaurer la fonction et la force des muscles de chiens atteints de cette maladie neuromusculaire.

WITT/SIPA

L’AFM-Téléthon franchit un nouveau pas important dans le développement d’un traitement pour la myopathie de Duchenne. Dans Nature Communications, les équipes du Généthon (1) démontrent l’efficacité d’une thérapie génique chez des chiens naturellement atteints de cette maladie neuromusculaire. Une première qui pourrait ouvrir la voie à un essai clinique chez l’homme.

La myopathie de Duchenne est une maladie génétique rare qui affecte l’ensemble des muscles du corps. Les enfants touchés par cette pathologie sont progressivement paralysés. Ils souffrent également de graves troubles cardiaques.


Remplacer le gène malade

Cette maladie évolutive est liée à des mutations dans le gène de la dystrophine, une protéine qui joue un rôle clé dans les muscles. « Notre objectif est donc de remplacer le gène muté par un gène normal chez les enfants malades », explique Frédéric Revah, directeur général du laboratoire Généthon.

Simple sur le papier, cette thérapie génique a demandé beaucoup d’ingéniosité aux chercheurs. Car le gène de la dystrophine a la caractéristique d’être le plus grand du génome. « Il n’existe pas de vecteur pour transporter ce gène si important. Nous avons donc fabriqué une version réduite de ce gène surnommée la micro-dystrophine. Elle permet d’apporter l’ensemble des fonctions essentielles de cette protéine en une version de petite taille », décrit-il.


Des bénéfices pendant plus de 2 ans

L’équipe du Dr Caroline Le Guiner (université de Nantes) a ensuite testé ce candidat-médicament chez 12 chiens de race golden retriever naturellement atteints de la myopathie de Duchenne. Ces chiens portent les mêmes mutations que celles retrouvées chez les enfants malades. « Ils sont aussi très proches de ces enfants en termes de morphologie, de poids et de taille », indique le directeur général de Généthon.

Après avoir injecté cette micro-dystrophine chez ces animaux, les chercheurs nantais ont constaté une nette amélioration de leur état de santé. Les chiens étaient capables de sauter par-dessus des obstacles et ont retrouvé leur force musculaire. Mieux, les bénéfices sont toujours visibles deux ans après les injections (voir la vidéo) et aucun effet secondaire n’a été observé.

Vers un essai clinique

« Cette étude pré-clinique démontre la sécurité et l’efficacité de la micro-dystrophine et permet d’envisager le développement d’un essai clinique chez les patients, commente Caroline Le Guiner, auteure principale de l’étude. C’est la première fois que l’on parvient à traiter le corps entier d’un animal de grande taille avec cette protéine. De plus, cette approche innovante permettrait de traiter l’ensemble des patients atteints de la myopathie de Duchenne quelle que soit la mutation génétique en cause ».

La prochaine étape est d’utiliser cette approche chez l’homme. « Pour mener un essai clinique, il faut qu’on soit capable de produire en grande quantité ce candidat-médicament car les doses administrées sont importantes ». Le laboratoire travaille d’ores et déjà avec sa plateforme industrielle YposKesi.

 

(1) En partenariat avec l’Université de Nantes et l’université Royal Holloway de Londres.