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Horloge biologique

Tumeurs : remettre les cellules à l’heure ralentit leur croissance

Par Audrey Vaugrente

Les cellules cancéreuses n'ont pas le même rythme que celles en bonne santé. Les ralentir est possible, comme viennent de le montrer des chercheurs canadiens.

vitanovski/epictura

Sommeil, faim, production d’hormones… L’horloge biologique joue un rôle crucial dans notre organisme. Lorsqu’elle se dérègle, nombre de pathologies peuvent se développer. L’université McGill (Canada) est porteuse de bonnes nouvelles dans ce domaine : ses chercheurs ont trouvé un moyen de limiter le développement des tumeurs. En effet, ils ont découvert que les cellules cancéreuses obéissent à un rythme différent. Mais il est possible de remettre les pendules à l’heure, expliquent-ils dans BMC Biology.

Un rythme accéléré

Dans le cadre d’un fonctionnement normal, une cellule répond à un rythme de 24 heures, régulé par différents gènes. Ils permettent de moduler l’activité en fonction de l’heure de la journée. Mais ces gènes sont supprimés dans les cellules B16, à l’origine du mélanome, et les cellules cancéreuses. En conséquence, le rythme est déréglé. « Des indices laissaient penser que cela contribuerait à une croissance rapide des tumeurs », explique Nicolas Cermakian, qui signe cette étude.

Les chercheurs sont parvenus à prouver que les tumeurs vivent selon un rythme accéléré par rapport aux cellules saines. « Grâce à un traitement chimique ou thermique, nous avons réussi à "réparer" l’horloge de ces cellules et à lui faire retrouver un fonctionnement normal », poursuit Nicolas Cermakian. Les tests ont été réalisés sur deux types de tumeurs – de la peau et du côlon – chez des souris.

Un adjuvant connu

Parmi les différentes méthodes, c’est un médicament déjà couramment utilisé qui a fait ses preuves : le dexaméthasone. Cette hormone glucocorticoïde de synthèse est prescrite pour ses propriétés anti-inflammatoires et immunosuppressives. Elle a aussi la capacité de ralentir le développement de la tumeur.

Chez la souris, le médicament est parvenu à diviser la vitesse de croissance par deux. Ainsi, après une semaine, la taille des tumeurs était de deux tiers inférieure à celle des souris témoin. « Cela permettrait de donner plus de temps aux gens pour recourir à des interventions plus traditionnelles comme la chirurgie ou la chimiothérapie », anticipe Nicolas Cermakian. Le dexaméthasone est d’ailleurs déjà utilisé comme adjuvant à certaines chimiothérapies.

Mais une étape majeure doit être franchie : les chercheurs ne savent pas encore comment obtenir les mêmes résultats chez l’homme. En attendant de telles applications, ces conclusions aident à comprendre pourquoi les métiers à horaires décalés favorisent certains cancers.

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