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385 calories en plus

Obésité : le manque de sommeil favorise la prise de poids

Par Antoine Costa

Le manque de sommeil stimule l’appétit, d’après les résultats d’une étude anglaise. Sa régulation pourrait être un facteur de prévention de l’obésité.

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Et si pour éviter de grossir, il suffisait… de dormir plus ? Ce n’est sans doute pas aussi simple, mais une étude anglaise du King College de Londres, publiée dans la revue European Journal of Clinical Nutrition a montré que les personnes privées d’une partie de leur temps de sommeil consommaient en moyenne 385 calories en plus dans les 24 heures suivant une mauvaise nuit.

Ces travaux ont réuni les données de onze études, portant sur 172 personnes au total. Observant que les participants ne dépensaient pas plus d’énergie dans la journée suivant la nuit tronquée, et qu’ils consommaient plus de nourriture, les 385 calories correspondent donc à un gain net, non négligeable. L'apport supplémentaire se fait surtout via les lipides, au détriment des protéines. A titre de comparaison, ce surplus représente plus qu’un cheeseburger de chez Mc Donald’s (300 kcal), mais tout de même moins qu’un Big Mac (500 kcal)...

Dérégulation des hormones de la satiété

« Nos résultats pointent le sommeil comme troisième facteur potentiel dans la prise de poids, après le régime alimentaire et l’exercice », explique Haya Al Khatib, auteur principale de l’étude.

Une petite étude précédente effectuée sur 26 personnes avait révélé que le manque de sommeil favorisait l’activation de zones cérébrales associées à la récompense, lorsqu’elles étaient face à de la nourriture. Le manque de sommeil engendrerait donc une motivation à la recherche de nourriture.

Les résultats de l’équipe du King’s College peuvent aussi s’expliquer par un dérèglement de l’horloge biologique, qui se manifeste par des modifications de la production de leptine et de ghréline, les hormones de la satiété et de la faim.

Un facteur de prévention

« La réduction du temps de sommeil est l’un des facteurs les plus basiques, et potentiellement le plus facilement corrigeable, pour obtenir des gains en termes de risques sur la santé, explique le Dr Gerda Pot, directeur de recherche du département de diabétologie et de nutrition du King’s College. Le manque de sommeil chronique est commun dans nos sociétés modernes, et de plus amples recherches sont nécessaires pour évaluer son effet à long terme sur l’obésité, et dans quelle mesure le sommeil peut être un facteur préventif. »

Pour compléter leurs résultats, les chercheurs anglais mènent actuellement un essai randomisé contrôlé afin évaluer l’effet de la durée de sommeil sur les indicateurs de la prise de poids.