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Moi(s) sans tabac

Sevrage tabagique : un mois pour relever le défi

Par Marion Guérin

Le ministère de la Santé lance une campagne sur un ton et non culpabilisateur. Les fumeurs sont invités à éteindre leurs cigarettes durant un mois.

pedrobento01/epictura

« Lancez-vous, tentez l’aventure ! ». C’est avec un ton enjoué que la ministre de la Santé a lancé ce matin une opération de désintoxication tabagique de la population. Point de message culpabilisateur sur les méfaits de la cigarette ; nul spot mélodramatique mettant en scène la mort de vos proches. Le « Moi(s) sans tabac » est un gigantesque défi national lancé aux fumeurs français et à leurs proches, sommés de leur déployer tout leur soutien.

Le principe est simple : s’arrêter de fumer pendant tout le mois de novembre. L’opération se calque sur le modèle britannique du « Stoptober », qui rencontre un franc succès depuis son lancement en 2012 : quelques 200 000 Anglais écrasent chaque année leur dernier mégot le 30 septembre et se mettent à la diète tabagique pendant 30 jours – au moins.

Psychologie positive

Car l’objectif, c’est bien sûr le sevrage définitif, notamment pour les 60 % de fumeurs qui souhaitent se libérer du tabagisme. « Les études montrent qu’arrêter de fumer pendant un mois multiplie par cinq les chances de sevrage » à long terme, a insisté Marisol Touraine, devant une assemblée de journalistes conquis et souriants.

Et pour cause : la campagne se veut empreinte d’enthousiasme et de psychologie positive. Menée sous l’égide de Tabac Info Service et de Santé Publique France, elle fédère les entreprises, les médecins, les pharmaciens, les associations. Les participants s’inscrivront à partir du 10 octobre sur le site de Tabac Info Service (qui a rénové pour l’occasion son application Smartphone) et reçoivent un suivi personnalisé ; dans les pharmacies, ils retirent un kit d’accompagnement, sorte de pochette-surprise du joyeux abstinent.

Dedans, on trouve un guide, « je me prépare », pour faire le point sur sa consommation et sa dépendance, et se préparer psychologiquement à rompre avec sa vieille habitude. Un agenda est fourni, avec chaque page, un message d’encouragement et un point sur l’impact positif de ce sevrage – de la réduction du risque de diabète à la récupération du goût, de la respiration.

On découvre également un guide pour ne pas prendre de poids, un autre pour lutter contre le stress induit par le sevrage, mais aussi une petite « roue de la fortune » en carton qui permet de visualiser les économies réalisées. Enfin, le ministère fournit des pin’s « Moi(s) sans tabac » - effet cool garanti.

Car c’est bien le maître mot de cette campagne, laquelle associera notamment des acteurs de Plus belle la vie, qui distilleront le message dans les épisodes de la série. « C’est une vraie rupture par rapport aux autres campagnes, c’est un défi collectif, c’est la France qui arrête ! se réjouit François Bourdillon, directeur de Santé Publique France. Il n’y aura rien de négatif dans cette campagne, seulement du positif ; le rouge, le jaune, le V de la victoire, avec un peu d’humour aussi car il ne faut pas oublier que le tabagisme est une addiction ; c’est parfois douloureux d’arrêter ».

Retrouvez L'invité santé de pourquoidocteur avec Olivier Smadja, Santé publique France
diffusé le 6 octobre 2106

 

Pharmacies, entreprises...

Autant vous prévenir : vous n’échapperez pas au « Moi(s) sans tabac », qui s’affichera partout, sur les vitrines des pharmacies, dans les open space des entreprises – PSA, Arcelor Mittal, Pôle Emploi… Une cinquantaine de partenariats ont été tissés et quelques 1200 actions régionales sont prévues, dont un bus photomaton itinérant. Cool, vous disais-je !

Un point demeure toutefois obscur : la place de la e-cigarette dans cette campagne. Alors qu’Outre-Manche, elle figure parmi les substituts nicotiniques remboursés par l’Assurance-Maladie, en France, les autorités préfèrent la discrétion vis à vis de ce produit.

« La position du ministère n’a pas changé, a précisé Marisol Touraine. Mieux vaut ne rien fumer que vapoter ; mieux vaut vapoter que fumer. Mais nous ne ferons pas de promotion de la e-cigarette ». Est-ce une composante du succès britannique ? « Nulle étude ne le montre », tranche la ministre, qui a tenu à rappeler que les substituts nicotiniques (patchs, gommes…) sont depuis quelques mois intégralement pris en charge par la Sécurité sociale.

« Arrêter de fumer, c’est difficile. Il faut se serrer les coudes, les fumeurs ont besoin de soutien ! », s’est encore exclamée la ministre, qui – fait rarissime – a terminé son discours sous les applaudissements de la foule.