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Rapport européen

Gonorrhée : les cas ont doublé en Europe

Par Audrey Vaugrente

Plus de 66 000 cas de gonorrhée ont été diagnostiqués en Europe. C'est une augmentation de 25 % par rapport à l'année précédente, et les antibiorésistances progressent.

yekophotostudio/epictura

Chtouille, chaude-pisse, gonorrhée. Les termes sont nombreux pour désigner cette infection sexuellement transmissible. Connue depuis longtemps, la blennorragie n’en reste pas moins ignorée. Un rapport du Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies en atteste : le nombre de cas annuels est toujours plus élevé. Les résistances aux antibiotiques, elles, continuent de progresser, soulevant l’inquiétude des spécialistes.

66 000 cas diagnostiqués

En France, 1 330 cas de gonorrhée ont été diagnostiqués en 2014. Le pays est loin d’être le plus touché par ces IST, qui se caractérisent - quand il y a des symptômes - par des écoulements purulents au niveau des organes génitaux, des sensations de brûlures en urinant ou des douleurs lors des rapports sexuels pour les femmes. Le Royaume-Uni, l’Irlande, le Danemark et la Lettonie sont de loin les plus affectés.


Au total, ce sont 66 143 cas de blennorragie qui ont été relevés dans les 27 pays membres de l’Union européenne. Cela correspond à une augmentation de 25 % par rapport à l’année précédente. En observant les chiffres sur une durée plus longue, la tendance paraît encore plus préoccupante. Depuis 2008, la part de cas annuels a plus que doublée, passant de 8 pour 100 000 habitants à 20 pour 100 000.

Si ces données inquiètent, c’est parce que les résistances aux antibiotiques se développent. Les traitements de référence sont la céfixime et la ceftriaxone. Mais la bactérie à l’origine de la gonorrhée, Neisseria gonorrhoeae, se protège de mieux en mieux du second médicament.

Cibler la prévention

Certaines populations sont plus exposées que d’autres à la gonorrhée. Les jeunes adultes sont de loin les plus touchés : 38 % des cas concernent la classe de 15-24, 34 % les 25-34 ans.

Pour la première fois, les patientes étaient plus nombreuses que les hommes hétérosexuels parmi les personnes diagnostiquées. Un résultat d’autant plus marquant que 70 à 90 % d’entre elles sont asymptomatiques. Les complications sont en revanche sérieuses puisqu’une blennorragie peut provoquer une inflammation du plancher pelvien. Si elle n’est pas traiter, elle peut également aboutir à une infertilité.

« L’augmentation des comportements à risque peut expliquer en partie les notifications croissantes de gonorrhées, au vu de l’élévation récente d’autres IST, particulièrement chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes (comme la syphilis et le VIH) », expliquent-ils. Mais les techniques de dépistage ont aussi changé, permettant de mieux repérer les cas. Les chiffres confirment  néanmoins la nécessité de développer des campagnes de prévention ciblées.