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Crise de nerf, doutes et suspicion

Quand une IST vient (à tort) perturber le couple

Par La rédaction

Hormis la fameuse «blenno», impossible de dire si l’infection que vous  déclarez a bien été transmise par votre partenaire. Rencontre avec un spécialiste des IST.

AndreyPopov/pix5

Ne vous avisez pas d’accuser votre chéri(e ) de vous avoir «refilé» une maladie sexuellement transmissible, ce serait injuste et bien mal venu. Comme l’explique Jean-Marc Bohbot, infectiologue et directeur médical de l’Institut Fournier (1), la seule maladie où l’on puisse réellement affirmer qu’un rapport contaminant a eu lieu à l’extérieur du couple, c’est la blennorragie. 
Cette infection se manifeste essentiellement chez l’homme 3 à 5 jours après un rapport sexuel non protégé. Ses symptômes : des brûlures violentes en urinant avec un écoulement de pus par la verge. La partenaire peut avoir ces mêmes brûlures au niveau du vagin avec des écoulements colorés (jaunes, verdâtres) ou au contraire des manifestations très discrètes. 
Pour toutes les autres infections transmises au cours d’un rapport sexuel non protégé par un préservatif, il est impossible de dater la contamination. 

Herpès et Chlamydiae, même combat 

L’herpès est très mal vécu dans le couple alors que c’est une maladie bénigne qui n’entraîne aucune complication. Ses premières manifestations peuvent survenir une quinzaine de jours après la contamination (primo infection) ou des années après l’infection ( primo manifestation). « La primo infection a pu passer inaperçue ou alors être diagnostiquée comme une mycose, note le spécialiste. Quelques années plus tard -un an, cinq ans, dix ans après- surviendra la vraie poussée d’herpès parfaitement repérable ».
La contamination aura pu advenir par pénétration vaginale, fellation, cunnilingus, etc. Comme toutes les infections sexuellement transmissibles (IST), une fois le virus contracté, il va se tapir dans des ganglions nerveux et y rester à l’état latent pendant des années, puis ressurgir à  la faveur d’un stress ou d’une grande fatigue. Pas un médecin sérieux ne sera capable d’affirmer que l’herpès a été attrapé tel jour à telle heure en tout cas.  

Ce qui est vrai pour l’herpès l’est tout autant pour le papillomavirus responsable de petites verrues génitales sur les lèvres ou sur le pénis. Le partenaire indemne ne peut accuser l’autre d’un quelconque écart dans le couple. Reste qu’il n’est jamais très content de voir ressurgir l’amant(e ) précédent sous forme d’un virus. 

 Maladresse et préjugés 

 Bien involontairement, certains médecins peuvent ajouter de la suspicion au chaos. Face à une infection à ureaplasme ( une espèce de mycoplasme), ils pourront affirmer à tort une transmission par le partenaire qui aurait été « voir ailleurs ». « Or, rectifie le Dr Jean-Marc Bohbot, cette infection très fréquente chez la femme est due à un germe qui se développe normalement à l’intérieur du vagin. A la faveur d’un stress ou d’une hygiène inadaptée (excessive par exemple), ce germe peut prendre le dessus dans l’écosystème vaginal et provoquer une infection contagieuse ».
Des médecins vont pourtant maladroitement évoquer une origine sexuelle… Et tout naturellement conseiller de faire examiner le partenaire. Ce qui est vite interprété comme « il faut le faire examiner car il vous a contaminée ». Disputes et invectives à l’horizon !

Examiner l’autre aussi 

Quand l’un des deux partenaires exprime un symptôme d’ IST, il est effectivement recommandé au second de se faire examiner aussi et traiter le cas échéant, afin d’éviter la partie de ping-pong. On ne s’immunise pas contre certains virus ou parasites transmis sexuellement.

« Pour les infections à chlamydia (souvent silencieuses chez l’homme et la femme), si l’un des deux  présente  un symptôme, le traitement simultané du partenaire est indispensable, la maladie pouvant évoluer silencieusement, insiste le spécialiste ».  Que les hommes souvent inquiets qu’on s’en prenne à leur pénis se rassurent : les examens sont indolores ( prises de sang ou analyses d’urine). Et la péniscopie n’est qu’un simple examen à la loupe. Une infection sexuellement transmissible s’attrape à deux ou à plusieurs, elle se traite à deux ou à plusieurs. 

Mycoses et cystites, gare aux idées reçues

Certains (y compris des médecins) imaginent encore que les mycoses sont dues à des infections sexuellement transmissibles. On prescrit donc au malheureux partenaire une crème anti-fongique qui aboutit à terme à des irritations sur le pénis lorsque les mycoses sont récidivantes. Il en va de  même pour les cystites de la femme, certains médecins continuent d’imaginer une mystérieuse origine sexuelle…Se soigner à deux en cas d’ IST vraie, c’est bien et même indispensable. Se soigner  à deux pour une mycose ou une cystite, c’est inutile.