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Médicaments : de plus en plus de Français se fournissent à l'étranger

Par Stéphany Gardier

Chirurgie plastique ou soins dentaires : de nombreux Français ont déjà tenté l’expérience d’aller se faire soigner à l’étranger, le plus souvent en Europe de l’Est ou au Maghreb. Mais après le tourisme médical, la tendance serait aujourd’hui au tourisme pharmaceutique, révèle Le Parisien. Médicaments non-autorisés dans l’Hexagone ou réservés à un nombre restreint de patients, les situations seraient de plus en plus nombreuses à pousser les patients jusqu’en Asie pour accéder au traitement adéquat.

 

Ce sont actuellement le traitement antirétroviral contre l’hépatite C (Sovaldi) et l’antidouleur à base de cannabinoïdes (Sativex) qui suscitent le plus de déplacements de patients. Comme le raconte Françoise Maillard, médecin à la retraite et atteinte de sclérose en plaque, se procurer du Sativex n’oblige pas à un long périple. Le médicament est autorisé en Belgique et en Suisse. Pour le Sovaldi, l’affaire s’avère plus compliquée : il faudra se rendre en Egypte, ou en Inde.

 

Le Sativex, bien qu’autorisé en France depuis 2014, n’est toujours pas disponible sur le marché. La faute à des négociations sur le prix du produit qui n’en finissent plus. Selon Le Parisien, la France serait prête à payer 70 euros par boîte, alors que le prix de vente dans l’Union européenne serait plus proche des 440 euros ! Et aux dernières nouvelles, la situation n’était pas près de se débloquer. Les patients qui comme Françoise Maillard sont soulagés par le cannabis, n’ont donc plus que trois options : se passer de Sativex, se mettre hors la loi en fumant du cannabis, ou se rendre dans un pays frontalier. Encore faut-il en avoir les moyens. En Suisse le coût du traitement est de 1200 euros pour 2 mois, sans compter les frais de consultation, de transport et d’hébergement.

 

La situation est encore plus critique pour les patients atteints d’hépatite C. Le Sovaldi est bel et bien disponible dans l’Hexagone et la France a même réussi à négocier le prix le plus bas d’Europe avec le fabriquant Gilead. Le traitement revient cependant encore à 41 000 euros pour 3 mois. Sa prescription est donc restreinte à certains patients, dont la maladie est déjà avancée. Une injustice que dénoncent les associations de patients et les médecins, dont certains n’hésitent plus aujourd’hui à envoyer leurs patients se procurer le médicament en Egypte, où le traitement coûte moins de 1000 euros. Une alternative en forme de double peine pour ceux qui n’ont pas les moyens d’assumer de tels coûts.

 

Pour ceux qui parviennent à financer voyage et traitement reste les risques encourus. Si pénalement les patients risquent peu, le risque sanitaire lui peut être grand. L’Académie de médecine alerte sur les produits contrefaits, de plus en plus nombreux, y compris sur le marché européen. Ces médicaments peuvent ne contenir aucun principe actif, ou pire, accélérer l’évolution d’une maladie.
Interviewé par Le Parisien, Olivier Maguet de Médecins du monde a un avis moins tranché : « Si vous allez dans une pharmacie, même au bout du monde, vous prenez peu de risques ». Sécuriser l’accès des patients étrangers aux traitements, c’est ce que proposent de plus en plus d’établissements de soins, en Inde notamment. Certains hôpitaux proposent même des packages avec demande de visa et recherche de logement. Le « all inclusive » du tourisme pharmaceutique est né !