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Mal de dos

Spondyloarthrite : des règles simples pour poser le diagnostic

Par le Dr Jean-Paul Marre

Nombre de personnes jeunes se plaignent d’un « mal au reins » pendant plus de 3 mois, en l’attribuant à tord à leur métier ou à un effort récent. 

©123RF-Anna Bizon

Plus de 7 personnes sur 10 auront mal au dos au cours de leur vie, le plus souvent par épisodes mais parfois de manière chronique et, dans certains cas, avec un handicap croissant.
Dans la majorité des cas, la cause est liée à une détérioration d’un disque intervertébral : lorsqu’une intervention adaptée est rapidement mise en place, la personne lombalgique peut retrouver rapidement un fonctionnement normal de son dos.
Mais dans environ 5 à 10 % des cas, notamment chez les hommes jeunes, la cause peut être liée à une maladie inflammatoire chronique : il s'agit alors d'une « spondyloarthrite ». Son diagnostic est difficile et le plus souvent tardif, mais une étude récente démontre qu’un diagnostic plus précoce serait possible en se basant sur un très petit nombre de signes.

Améliorer le diagnostic

Quand une lombalgie récidive trop fréquemment ou dure plus de 3 mois, en particulier chez une personne de moins de 45 ans, que ce soit un homme ou une femme, il convient de se poser la question d’une spondyloarthrite et de poser la seule question vraiment intéressante : « À quelle heure votre dos vous fait-il le plus mal dans la journée : le matin ou le soir ? ».
Si la réponse à cette question est : « le matin », si cette douleur peut être responsable de réveils dans la 2ème partie de la nuit ou le matin de bonne heure (douleur « réveil-matin »), si elle s’accompagne le matin d’une raideur du dos qui dure au moins une demi-heure (« dérouillage matinal ») et s’estompe ensuite dans la journée.
Si cette douleur est soulagée à au moins 50 % en moins de 24 à 48 heures par un simple anti-inflammatoire non-stéroïdien… la question de l’existence d’une lombalgie inflammatoire ne se pose plus et il faudra que le médecin traitant demande une IRM des sacroiliaques et une recherche du HLA B27. Ces examens permettront d’étayer le diagnostic dans un cas sur 2 et il faudra envoyer le malade consulter un spécialiste en rhumatologie pour affirmer ce diagnostic délicat et préciser le type de spondyloarthrite dont il s’agit.

Un délai diagnostique de 7 ans

La spondyloarthrite était autrefois une maladie responsable d’ossification de la colonne, et donc « ankylosante », mais avec l’amélioration des conditions d’hygiène et les traitements anti-inflammatoires, le plus souvent les malades actuels n’ont pas de lésions radiographiques spécifiques pendant les premières années de la maladie.
Pire, comme il s’agit surtout d’hommes jeunes et actifs, un problème discal banal peut être vu sur la radiographie, compliquant encore le diagnostic.
Enfin, en l’absence de marqueur biologique simple (le HLA B27 n’existe pas chez tous les malades et il est retrouvé dans 7 à 8% des cas dans la population générale), les médecins ont tendance à accepter les explications données par les malades : « Je viens de déménager. J’ai fais un faux mouvement. Il faut que je change mon matelas ».




Une maladie potentiellement handicapante

La spondyloarthrite recouvre un groupe de maladies auto-immunes qui ont en commun d’avoir une inflammation des insertions des tendons et des ligaments sur l’os (les « enthèses »). Cette « enthésite » provoque des lombalgies inflammatoires qui s’expriment surtout le matin.
Avec ces lombalgies, il est possible de souffrir de douleurs des fesses, des talons, mais aussi de tendinites diverses et de problèmes extra-articulaires : inflammation et rougeur de l’œil (« uvéite »), psoriasis cutané ou maladie inflammatoire de l’intestin ou du côlon.
S’y associent également des antécédents familiaux de lombalgie et une très grande sensibilité de la douleur aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens.

La spondyloarthrite évoluant par poussées, elle affecte la colonne vertébrale et certaines articulations du corps qui se dégradent peu à peu, ainsi que d’autres organes (œil, intestins, cœur…). Le coût personnel et social d’un diagnostic tardif de la maladie est donc important car la spondyloarthrite affecte notablement la qualité de vie du malade et une prise en charge tardive aboutit bien souvent une incapacité à maintenir une activité professionnelle normale.

La Journée nationale des spondyloarthrites, organisée par l'association ACS, se tiendra le 12 mars 2016 au Forum de Grenelle, 5 rue de la Croix Nivert, 75015 Paris.