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Complémentaires santé : une généralisation à double tranchant

Par Stéphany Gardier

Comme chaque année, nombre de mesures sont entrées en vigueur au 1er janvier, parmi lesquelles celle très attendue de la généralisation de la complémentaire santé pour les salariés. Une disposition décidée dès 2013 et qui aura donc nécessité de longs mois avant son application. Depuis ce vendredi, les salariés français sont donc censés être mieux couverts pour leurs frais de santé, mais l’équation n’est pas si simple, et in fine, beaucoup pourraient ne pas s’y retrouver, souligne le Parisien.

 

L’objectif initial était louable : améliorer l’accès aux soins des quelque 4 millions de Français qui ne bénéficiaient pas d’une complémentaire d’entreprise. Souvent employés par des PME ou TPE, un nombre non négligeable de ces salariés faisait le choix de ne pas s’assurer personnellement, principalement pour une question de coût, comme l’explique dans les colonnes du Parisien Sammy, un jeune salarié de 32 ans.

 

Premier écueil de la réforme : cette généralisation ne signifie pas une couverture « universelle ». Les prestations seront encore très variables selon les entreprises, et il y a fort à parier que celles qui jusqu’ici n’avaient pas fait le choix d’une complémentaire s’en tiennent au panier de soins minimum. Or, celui-ci ne prévoit pas la prise en charge des dépassements d’honoraires, ne propose qu'un petit forfait pour les produits d’optique et un remboursement des soins dentaires et de prothèses à hauteur de 125 % du tarif de la Sécurité sociale, précise Le Figaro, donc autant dire presque rien. Si le salarié veut une couverture plus étoffée, il lui faudra à nouveau mettre la main à la poche et s’offrir une « surcomplémentaire ».

Une troisième couche de protection santé qui ne promet guère une plus grande égalité dans l’accès aux soins, et qui pourrait concerner finalement aussi ceux qui, jusqu’ici, s’estimaient bien lotis dans leur entreprise. La renégociation des contrats vers des formules dites « responsables » risque bien, en effet, de faire baisser bon nombre de remboursements, ceux d’optique en premier lieu. Et sans pour autant que salariés et employeurs ne voient leurs cotisations réellement chuter. Pourtant, là encore, l’intention semblait bonne : plafonner les remboursements pour limiter l’envol des prix et des dépassements d’honoraires. Il n’y a donc pas que l’enfer qui soit pavé de bonnes intentions.