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Etude de l'INSERM

Comment nos mauvais souvenirs nous servent d'ange gardien

Par Ambre Amias

Des chercheurs de l'INSERM ont mis en évidence le mécanisme qui se passe dans le cerveau lorsque les souvenirs négatifs nous permettent d'éviter les dangers. 

PURESTOCK/SIPA

Quand nos mauvais souvenirs nous veulent du bien… On a beau avoir envie de se débarrasser des évenements les plus désagréables enfouis dans notre mémoire, ceux-ci seraient nécessaires à notre survie. C’est ce que rappelle une équipe de chercheurs bordelais de l’INSERM, qui s’est penchée sur le mécanisme de contrôle des souvenirs négatifs (ou aversifs).

Système cannabinoïde endogène

 Ces souvenirs, aussi désagréables qu’ils soient, permettent à l’organisme de créer une réponse physiologique adaptée, en cas de menace. Si l’on se retrouve dans une situation dangereuse déjà vécue, une sensation d’angoisse sera par exemple ressentie et le corps prendra alors les mesures nécessaires pour l’éviter. 

Publiée dans la revue Neuron, l’étude démontre le rôle-clé des cannabinoïdes dans ce processus. Ces récepteurs sont présents dans le système nerveux central, dont le cerveau. Avec les molécules endocannabinoïdes, ils forment le système cannabinoïde endogène. 


Celui-ci régule plusieurs fonctions de l’organisme, comme par exemple l’appétit, la perception des informations sensorielles, la sensation de douleur... Mais le rôle de ce système n’avait pas encore été étudié dans le cadre de la formation et de l’action des souvenirs négatifs.



 

Source : Inserm. En rose, au niveau de l'hippocampe du cerveau, on voit les récepteurs identifiés par l'Inserm, qui jouent un rôle dans l'utilisation des souvenirs négatifs.

 

Sur des souris

Le processus expérimental repose sur l’étude de souris. Celles-ci ont été conditionnées afin de répondre à des signes de danger, comme par exemple certains sons ou odeurs. Elles ont pu construire des souvenirs négatifs face à ces dangers.  

Or, certaines souris étudiées présentaient un déficit en récepteurs cannabinoïdes. Face aux risques, les chercheurs ont constaté qu’elles n’exprimaient pas de peur, contrairement aux souris disposant d’une quantité normale de récepteurs.

Ils en ont donc conclu que les récepteurs cannabinoïdes jouaient un rôle important dans la prise en charge des souvenirs aversifs et dans la création par l’organisme d’une réponse adaptée aux dangers.

Les applications concrètes de ces résultats sont nombreuses. Un exemple : le contrôle des souvenirs négatifs joue un rôle dans le développement de certaines maladies mentales, dont la dépression. On peut alors imaginer que de futurs médicaments contre cette maladie pourront être créés, pour agir sur le système cannabinoïde endogène.