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Bisphosphonates et anti-aromatases

Cancer du sein : 2 molécules anciennes diminuent le risque de récidives

Par Audrey Vaugrente

Deux médicaments déjà sur le marché et génériqués réduisent le risque de récidive après un cancer du sein sensible aux hormones.

WIDMANN PETER/TPH/SIPA
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Agir sur les hormones pour éviter une récidive. Deux médicaments viennent de démontrer leur efficacité dans le cancer du sein, d’après deux études parues dans le prestigieux Lancet. Les inhibiteurs de l’aromatase et les bisphosphonates – indiqués dans l’ostéoporose – interfèrent avec le système endocrinien. Utilisés après un traitement contre le cancer du sein, ils permettent d’allonger la survie et de réduire le risque de récidive sur un autre organe. Avantage supplémentaire : ils sont génériqués et donc bon marché.

A l’origine de ces deux publications, un groupe de collaboration internationale sur le cancer du sein. Les experts qui le composent rassemblent régulièrement les données issues d’essais cliniques et les confrontent. Car pris individuellement, certains résultats peuvent paraître insignifiants. Mais comparés à d’autres essais, ils peuvent être pleins de sens. C’est le cas pour les bisphosphonates, très utilisés pour lutter contre l’ostéoporose.

Action sur l'environnement osseux

L’étude concernant ces médicaments a rassemblé les données de 26 essais cliniques, avec un total de 20 000 patientes. Un traitement pendant 2 à 5 ans permet de réduire de 17 % le risque de récidive du cancer au niveau osseux. Chez les femmes ménopausées, ce bénéfice atteint même les 28 %. Cela augmente également la survie, sans affecter le risque de cancer à l’autre sein.

Comment expliquer cette efficacité ? Les auteurs rappellent que l’os est la zone où les tumeurs s’étendent le plus souvent. Elles peuvent même y rester dormantes pendant plusieurs années et s’étendre à un autre organe. Les bisphosphonates, eux, altèrent l’environnement osseux et le rendent moins propice à l’accueil de cellules cancéreuses.

Bloquer les oestrogènes

Le mode d’action des inhibiteurs de l’aromatase est sensiblement différent. Ce médicament est déjà utilisé contre le cancer. En effet, l’aromatase est une enzyme qui permet à l’organisme de continuer à produire des œstrogènes. En inhibant ce mécanisme, il est possible de mettre fin à la stimulation de la tumeur.

L’étude rassemble 9 essais randomisés, avec un total de 30 000 femmes, qui comparent les anti-aromatase au traitement de référence dans le cancer, le tamoxifène. 5 ans de traitement réduisent de 30 % le risque de récidive et de 15 % celui de décès par cancer du sein dans les 10 ans suivant le début du traitement. Le bénéfice est encore plus marqué par rapport à l’absence de traitement pendant 5 ans.

Action combinée

« L’impact des inhibiteurs de l’aromatase est particulièrement remarquable quand on sait à quel point ces médicaments sont spécifiques et au vu des différences moléculaires énormes entre les tumeurs sensibles aux hormones, souligne le Pr Mitch Dowsett, qui co-signe l’étude. Mais les inhibiteurs de l’aromatase ont des effets secondaires, et il est important que les femmes qui en souffrent beaucoup soient encouragées à poursuivre le traitement pour bénéficier pleinement de la protection que confère ces molécules. »

Combiner ces deux traitements permettrait de réduire les effets secondaires, suggère le Pr Richard Gray, statisticien des deux publications. « Ils sont complémentaires, car l’effet secondaire principal des inhibiteurs de l’aromatase est la perte osseuse et les fractures, tandis que les bisphosphonates réduisent justement la perte osseuse et les fractures, tout en augmentant la survie », explique-t-il. Un outil précieux quand on sait que 80 % des cancers du sein sont sensibles aux hormones.

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