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Près de 120 millions d'euros de dettes

Hôpital : l'AP-HP révèle les ardoises des patients résidant à l'étranger

Par Julian Prial

Face aux 120 millions d'impayés dus par des résidants étrangers, l'AP-HP a présenté une nouvelle stratégie. Dorénavant, les soins devront être provisionnés à l'avance.

DURAND FLORENCE/SIPA

Ils viennent du Golfe, de Russie, de Chine, du Maghreb, ou encore de pays frontaliers – Suisse, Belgique… Leur point commun : un porte-monnaie bien rempli, et un état de santé qui nécessite une prise en charge médicale. Pour le secteur hospitalier français, ces « patients très solvables », à l'image d’Abdelaziz Bouteflika (président algérien) seraient même l’occasion inestimable de renflouer ses caisses, expliquait un récent rapport sur la « valorisation de l’expertise médicale française », plus connue sous le nom de « tourisme médical ».

Seule ombre au tableau, ces patients laissent parfois des ardoises aux établissements de santé français. Dernière preuve en date, un bilan présenté le 7 juillet par la direction en commission médicale d'établissement (CME), qui montre que les sommes non recouvrées par les hôpitaux franciliens de l'AP-HP (1) auprès de patients, français ou non, résidant à l'étranger, ou de leurs assureurs, s'élevaient à 118,6 millions d'euros au 15 novembre 2014. 

 

L'Algérie championne de la dette 

Et dans ce tableau consulté par l'Agence France Presse (AFP), le champion de la dette à l'égard de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris est justement l'Algérie avec 31,6 millions d'euros, suivie du Maroc (11 millions), des États-Unis (5,7 millions), de la Belgique (4,9 millions), de la Tunisie (4,7 millions) et de l'Italie (4,1 millions).
De 2010 à 2014, le nombre de séjours liés à l'accueil de patients domiciliés à l'étranger a crû de 9,8 %, avec, en 2014, des séjours plus nombreux pour l'Algérie, le Maroc, l'Italie et le Koweït. Précision importante, ces chiffres ne concernent pas les patients étrangers résidant en France, de manière régulière ou non.
Au final, cette dette équivaut à plus du double du déficit du compte principal (activités de soins) de l'AP-HP, soit 49 millions d'euros en 2014.

 

Le plan d'actions de l'AP-HP

Face à cette manne financière, l'AP-HP n'est pas restée les bras croisés. Depuis 2013, elle applique déjà des majorations de 30 % sur ses tarifs pour les patients résidant à l'étranger (hors urgences, aide médicale d'état, interventions humanitaires et accords internationaux avec les caisses de sécurité sociale des pays d'origine).
Cette surfacturation a rapporté 10 millions d'euros à l'AP-HP en 2014, selon les documents présentés en CME.
Et l'AP-HP, qui vise un taux maximum de 1 % de patients étrangers, souhaite encore étendre son rayonnement à l'international, grâce à une « nouvelle stratégie » qui souhaite dans le même temps enrayer la hausse des impayés.
Ainsi, à partir de septembre, les patients ou organismes étrangers devront payer d'avance, selon un devis calculé sur le tarif d'une journée majoré de 30 %, les frais d'une intervention programmée. Sans quoi ils ne seront pas pris en charge.

(1) Assistance Publique - Hôpitaux de Paris