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Médicament à base de cannabis

Sativex : échec des négociations sur le prix

Par Marion Guérin

Les négociations autour du Sativex ont abouti à l'échec. L'avenir de ce médicament à base de cannabis en France est plus que jamais incertain.

AP/SIPA
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« Depuis 15 ans, la France a toujours réussi à faire entrer dans son marché les molécules réellement innovantes. Mais face aux contraintes budgétaires des Etats et aux prix très élevés de certains médicaments, il y aura probablement, à l’avenir, des exemples d’échecs de négociation. C’est déjà le cas concernant un médicament ».

ASMR inexistante

C’est une petite bombe qu’a lâchée ce jeudi le président du CEPS, l’organe étatique chargé de négocier le prix des médicaments commercialisés en France. Devant un parterre de représentants des entreprises pharmaceutiques, réunis pour les premières Universités d’Eté du Leem (1) à Paris, Dominique Giorgi a appelé à la « responsabilité des industriels du médicament » face à des prix parfois exorbitants. Et par le biais d’un sous-entendu, il a évoqué le sort d’un « médicament d’ASMR (amélioration du service médical rendu) 5 », dont la négociation devrait aboutir à l’échec, sauf coup de théâtre.

Ce médicament, c’est le Sativex – Pourquoidocteur a pu en obtenir la confirmation. Les négociations autour de ce médicament à base de cannabis traînent depuis plusieurs mois. Et depuis le début, elles s’annoncent très mal. Marisol Touraine avait annoncé son autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la sclérose en plaques en janvier 2014, et sa commercialisation au premier trimestre 2015. Mais la mise à disposition est régulièrement ajournée. En cause : l’incapacité à trouver un accord sur le prix.

« Nous ne pouvons plus faire crédit à l'industrie »

A contre-courant des autres pays européens, les autorités sanitaires françaises ont en effet jugé que l’amélioration du service médical rendu était inexistante. A ce titre, elles négocient un prix de 56 euros – soit 17 % du prix initialement proposé par le laboratoire. Dans un communiqué daté du 30 juin, Almirall a déploré une issue incertaine concernant la commercialisation du Sativex. La dernière déclaration du CEPS devrait rendre l’avenir du médicament en France plus incertain encore.

«  Les critères de tarification des médicaments doivent être revus en évaluant l’efficacité réelle des médicaments – non pas celle constatée lors des essais cliniques, mais en prenant en compte leur vie au sein de la population générale, a poursuivi à la tribune Dominique Giorgi, en évoquant les molécules innovantes. Nous n’avons plus les moyens de faire crédit à l’industrie du médicament ». Au Carreau du Temple, les industriels n’ont plus qu’à en prendre bonne note.

 

 (1) Les entreprises du médicament