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Des résultats prometteurs

La contraception masculine en vue

Par Sandrine Chauvard

Des chercheurs américains ont réussi à stopper la fabrication des spermatozoïdes. Ils ouvrent la voie à une pilule contraceptive pour l'homme. Les Français saluent ces résultats.

ISOPIX/SIPA

La pilule pour les hommes, les femmes en rêvent. Les travaux d’une équipe américaine, publiés dans la revue Cell du 17 août, leur laissent entrevoir un espoir. Les chercheurs ont réussi à bloquer chez des souris le processus de production des spermatozoïdes, la spermatogénèse. Ils ont obtenu une contraception complète, réversible, et sans conséquence pour la descendance.

Jusqu’ici, la mise au point d’une contraception masculine s’était révélée très délicate. La production de spermatozoïdes est continue, contrairement au cycle ovulatoire féminin. De plus, les testicules fabriquent les gamètes et produisent également la testostérone. Les traitements qui associent des hormones (testostérone, progestatifs, analogue de la gonadolibérine) sont complexes, avec le risque de diminuer la libido. D’où l’intérêt de cette nouvelle approche.

Pr Jacques Young, endocrinologue à l’hôpital Bicêtre : «c'est une approche novatrice, qui pour la première fois, donne des résultats conséquents»

 

Martin Matzuk (Baylor College of Medicine, Houston) et James Bradner (Harvard Medical School, Boston) ont utilisé une molécule, appelée JQ1, qui bloque la protéine BRDT indispensable à la fabrication des spermatozoïdes. Les souris ont reçu une injection quotidienne de JQ1. Après six semaines de traitement, le nombre et la mobilité des spermatozoïdes étaient très fortement réduits. Selon les doses reçues, la fertilité est revenue normale trois à six mois après l’arrêt du traitement.

Une étude française, menée par des chercheurs de l’Inserm (université Joseph Fournier, Grenoble), qui va être publiée dans la revue Embo, confirme l’intérêt de la molécule JQ1.  Ces travaux ont été réalisés chez la souris, mais ils devraient pouvoir être reproduits chez l’homme.

Pr Jacques Young : «La protéine est aussi exprimée dans le testicule humain» 

 

Ce traitement a entraîné chez la souris une réduction du volume testiculaire. « Si cet effet indésirable se confirmait chez l’homme, cela pourrait être un frein psychologique au développement de ce type de contraception », précise le Pr Young. 

Ces résultats vont maintenant devoir être confirmés par de nouvelles études, en particulier chez le primate, modèle animal le plus proche de l’homme.

Source

Revue Cell