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QUESTION D'ACTU

Etude sur 3 700 ados

Pourquoi les jeunes dépressifs sont plus attirés par le gothisme

Le jeune gothique n’est pas toujours dépressif, mais il est plus à risque que les autres d’en présenter les signes. Il serait attiré par l’esthétique sombre de cette culture.

Pourquoi les jeunes dépressifs sont plus attirés par le gothisme Les jeunes en mal-être se tournent vers la culture gothique et se tatouent beaucoup (REVELLI-BEAUMONT/SIPA)




Tête de mort, bracelet à pointes, littérature sombre… La dépression est fortement associée à la culture gothique. Une étude parue dans le Lancet Psychiatry démontre que les jeunes qu’y s’en revendiquent sont trois fois plus à risque de présenter des signes de dépression et de pratiquer l’automutilation. Les auteurs de ces travaux enfonceraient-ils une porte ouverte ? Pas tout à fait.
Au-delà du constat, ils soulèvent des problématiques intéressantes. Décryptage avec le Dr Xavier Pommereau, psychiatre spécialiste des adolescents en difficulté.

Une relation dose-dépendante

3 700 personnes nées entre 1991 et 1992 ont participé aux recherches dans le cadre de l’étude britannique Avon. A l’âge de 15 puis de 18 ans, elles ont rempli des questionnaires précis sur leur identification à diverses sous-cultures – du gothique au sportif en passant par la bimbo – ainsi que d’autres formulaires évaluant leur dépression et leur pratique de l’automutilation.

Les adolescents qui pensent appartenir à la culture gothique à 15 ans sont cinq fois plus à risque de se scarifier. Le risque de signes dépressifs augmente selon le sentiment d’appartenance : les jeunes qui s’associent « un peu » au gothisme sont 1,6 fois plus à risque. Une probabilité triplée parmi ceux qui s’associent « fortement » à cette culture.

Attention à l’amalgame

« Cette étude n’apporte pas de choses étonnantes, mais elle vient confirmer des observations cliniques, commente le Dr Xavier Pommereau. Les jeunes qui ne vont pas bien sont plus attirés par le gothisme que ceux qui se sentent bien. » Une association qu’il ne faut surtout pas prendre à l’envers.

Ecoutez...
Dr Xavier Pommereau, psychiatre au Centre Jean-Abadie (Bordeaux) : « Les jeunes gens en mal-être sont souvent des écorchés vifs, à feu et à sang. Ils sont plus attirés vers les tenues radicales qui caractérisent le milieu gothique. »

 


Même message du côté des auteurs de l’étude : « Les adolescents à risque de dépression, ou présentant une tendance à l’automutilation, peuvent être attirés par la culture gothique, dont on sait qu’elle accueille les individus marginalisés de tous les milieux, y compris ceux souffrant de troubles mentaux », avance le Dr Rebecca Pearson, de l’université de Bristol (Royaume-Uni).

Des « enfants de l’image »

Preuve que le gothisme n’est pas à l’origine de la dépression, les skaters et les « loners » (jeunes solitaires) sont également plus à risque d’en présenter les signes, mais dans une moindre mesure. Comment expliquer cette sur-représentation ? Le Dr Pommereau y voit le reflet de la culture de l’image toujours plus présente depuis une vingtaine d’années.

Ecoutez...
Dr Xavier Pommereau : « Les adolescents parviennent davantage à s’exprimer à travers ce qu’ils montrent d’eux plutôt qu’avec des mots. Ils ont du mal à dire qu’ils ne se sentent pas bien. »


Les « enfants de l’image » affichent de plus en plus de vêtements de marque, de distinctions. Un phénomène poussé à l’extrême dans le cas des jeunes en mal-être. « Il ne faut pas que les parents s’imaginent que leur enfant va mal parce qu’il porte des têtes de mort, sourit Xavier Pommereau. C’est très à la mode, les têtes de mort. »

Ecoutez...
Dr Xavier Pommereau : « Il y a des effets de mode. C’est l’excès de la radicalisation qui signale le mal-être. Ce n’est pas pathologique d’avoir envie d’un piercing ou d’un tatouage. »


Le travail des psychiatres est donc d’encourager les adolescents à verbaliser leur mal-être. « Comme nous l’a dit une patiente, ils sont en rouge et noir, le rouge du sang et le noir de la désespérance. Ils sont littéralement des écorchés vifs, et ils interprètent ces mots au sens propre, analyse Xavier Pommereau. Une partie de notre travail consiste à leur faire dire, avec des mots, pourquoi ils se sentent à feu et à sang. »

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