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Nuits blanches, trajets internationaux…

Le décalage horaire perturbe aussi nos bactéries

Par Marion Guérin

Vivre en horaires décalés perturbe l’activité nocturne des bactéries qui peuplent vos intestins, selon une étude qui souligne les risques du « jet lag ».

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

S’envoler pour New-York, travailler la nuit ou faire la fête jusqu’au petit matin… On a tous de bonnes raisons de ne pas dormir. Mais notre corps n’apprécie guère - et nos bactéries encore moins, surtout celles qui composent notre flore intestinale.

L’horloge bactérienne
Des chercheurs de l’Institut des sciences Weizmann en Israël ont découvert que ces microorganismes qui nous composent avaient eux aussi leur horloge interne. La nuit, quand nous dormons, les bactéries travaillent. Elles digèrent les nutriments, réparent leur ADN, s’occupent de leur croissance... Mais lorsque nous veillons, cette activité se retrouve toute chamboulée.

Pour les besoins de l’étude, publiée dans la revue Cell, les chercheurs ont analysé les matières fécales de rongeurs et d’hommes à plusieurs moments de la journée. Ils ont ainsi remarqué que le nombre de bactéries intestinales, leur type et leur activité biologique différaient selon l’heure de prélèvement des échantillons. Ces oscillations sont contrôlées par l’horloge circadienne – à savoir, qui suit un rythme biologique de 24 heures.

Puis, les chercheurs ont déréglé l’horloge interne de leurs sujets. Les humains ont pris un long courrier Etats-Unis-Israël. Les souris, quant à elles, sont restées chez elles, dans leur laboratoire. Les scientifiques ont simulé un voyage avec décalage horaire en manipulant les sources de lumières et en modifiant les heures de repas, l’autre composante, avec le sommeil, du rythme biologique.

Risques d’obésité
Et les résultats semblent probants. Chez l’homme comme chez la souris, la modification du rythme biologique était associée à la survenue de troubles métaboliques. En effet, chez les sujets « jet-lagués », les chercheurs ont constaté une hausse du nombre de bactéries responsables de l’obésité, et une activité accrue de ces dernières.



Point positif (pour les habitués des nuits blanches) : le phénomène est réversible. Chez tous les sujets, le microbiome – la population de bactéries – est revenu à la normale après quelques semaines d’un mode de vie plus réglé.

D’autres études ont déjà montré les risques associés à des horaires décalés (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers…), mais jusqu’ici, ce lien restait mystérieux. Selon Eran Elinav, auteur co-auteur, cette étude permet d’en savoir davantage sur l’horloge biologique et son impact sur la santé globale. « Ces résultats surprenants pourraient servir à mettre au point des traitements préventifs pour limiter ces risques chez les personnes dont les cycles jours-nuits sont régulièrement perturbés ».