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Institut National des Sciences Appliquées

9 cancers dans un labo : quels sont les risques du travail en laboratoire ?

Par la rédaction

9 chercheurs du même laboratoire ont développé des cancers. Une exposition à des produits radioactifs est peu probable, mais d'autres facteurs peuvent jouer sur leur santé.

PURESTOCK/SIPA
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Depuis quelques jours, les spéculations vont bon train pour comprendre ce qui a bien pu provoquer le développement de neuf cancers suspects en moins de 13 ans, parmi le personnel d’un même laboratoire de l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon (INSA). Pour les experts, l’environnement de travail de ces chercheurs n’est pas à mettre en cause. Certes, les travaux dans le Centre Lyonnais de Microscopie ont été suspendus par précaution, jusqu’à nouvel ordre. Mais un rapport de l’Agence de Sûreté Nucléaire (ASN), daté du 9 juillet, rassure sur ce point : les microscopes électroniques n’émettent pas de rayons ionisants pouvant les incriminer. Des enquêtes complémentaires devraient être menées d’ici septembre pour savoir si d’autres facteurs de risque sont présents dans le laboratoire.

Effets radioactifs

La piste des rayons ionisants a d’abord été envisagée en raison des risques cancérigènes importants de ces derniers. La manipulation radioactive est l’un des facteurs de risque principaux auxquels s’exposent les chercheurs en laboratoire. Un travailleur est considéré comme exposé à partir de 20 mSv/an (sievert/an, unité utilisée pour mesurer l'absorption du rayonnement par le corps humain et les effets qui y sont associés).

Les problèmes à court terme sont liés à la mort cellulaire sous l’effet des rayons, notament des brûlures plus ou moins graves selon la dose reçue. Sur le long terme, il existe aussi des risques de cancer, mais aussi d’anomalies génétiques, qui sont très importants, même si aucune étude ne précise à partir de quel niveau de radioactivité ils peuvent survenir.



Biologie et chimie : quels dangers?
Heureusement, l'utilisation d'agents radioactifs ne concerne qu'une poignée de laboratoires ; celui de l'INSA n'en faisait pas partie. Par ailleurs, des microscopes de qualité n'émettent pas de rayons ionisants, a rappelé l'ASN. En revanche, biologistes, chercheurs en médecine et chimistes peuvent développer d'autres problèmes de santé en raison de leur environnement de travail, et il ne s'agit pas nécessairement que de cancers. Comme le rappelle une note du CNRS, la bactériologie ainsi que le travail sur des OGM ou des cultures cellulaires, fréquents dans les laboratoires médicaux, peut comporter des risques.

Ceux-ci sont surtout liés aux agents pathogènes présents dans les solutions favorisant la prolifération cellulaire ou bactérienne, qui peuvent être allergisants et irritants. Les micro-organismes pathogènes présents dans le sang et les liquides biologiques des patients peuvent aussi contaminer les chercheurs qui les manipulent, par voies aérienne, orale, cutanée ou encore par contact avec les muqueuses. On comprend mieux pourquoi le cas d'un scientifique américain ayant recréé un virus particulièrement violent de la grippe, sans respecter les niveaux de confinement de laboratoire nécessaire, a causé une telle polémique.

Evidemment, l'usage de produits chimiques comporte aussi des risques, puisqu'ils peuvent être corrosifs, causer des irritations, des brûlures ou des réactions allergiques. Enfin, certains produits peuvent causer incendies ou explosions s'ils ne sont pas manipulés avec précaution.

Que l'environnement de travail soit impliqué dans les cancers des chercheurs de l'INSA n'en est pas sûr, et il ne pourrait s'agir que d'une malheureuse coïncidence. Mais cette affaire permet de rappeler que le travail en laboratoire peut parfois être dangereux, et que les procédures et les niveaux de confinement doivent être respectés afin de réduire ces risques.

 

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