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Etude sur 11 millions d'hommes de 40 ans et plus

Cancer de la prostate : le surtraitement à nouveau pointé du doigt

Par la rédaction

Alors que le dépistage systématique du cancer de la prostate grâce au dosage du PSA n’est pas recommandé, des résultats publiés par l’Invs montrent un surdiagnostic et un surtraitement.  

SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

Avec 71 200 nouveaux cas en 2011 et 8700 décès par an, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme de 50 ans. Pourtant depuis plusieurs années et particulièrement en 2009 avec la publication contradictoire de deux études sur le dépistage et la mortalité de ce cancer, le débat autour du surdiagnostic et du surtraitement revient régulièrement dans l’actualité. Ainsi, la publication, ce mardi, par le l’Institut national de veille sanitaire (Invs) de nouveaux résultats concernant la France mettent une nouvelle fois en lumière les risques associés à ces pratiques. Cette étude rendue publique dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire, a porté sur près de 11 millions d’hommes de 40 ans et plus, à partir des données recueillies par la caisse nationale d’assurance maladie entre 2009 et 2011.

 

En 2011, 30% des hommes ont fait un test PSA

Alors qu’en 2010, la Haute autorité de santé a décidé de ne pas préconiser le dépistage systématique de celui de la prostate, dans les faits, il semble cependant qu’il existe. En effet, d’après les résultats de l’étude publiée aujourd’hui, sur les 11 millions d’hommes de plus de 40 ans, 30% ont eu au moins un dosage du PSA. Cependant selon les auteurs, il existait de fortes disparités régionales concernant le dosage de PSA, pouvant aller de 21% des hommes de plus de 40 ans testés dans certains départements à 43% dans d’autres. De plus entre 2009 et 2011, chez les hommes sans cancer de la prostate, 43% n’ont pas eu de test du PSA, 38% en ont eu 1 ou 2 et 19% au moins 3. Enfin, sur les 4156 millions de dosages du PSA effectués en 2011, avec comme objectif le dépistage du cancer de la prostate, 87% ont été prescrits par un médecin généraliste et 3,6% par un urologue.

Mais pour les experts qui dénoncent le surdiagnostic en France, le problème ne réside pas, en réalité, dans le recours massif aux tests PSA, mais plutôt sur leurs conséquences. Chaque année à la suite des tests PSA, 91.600 hommes pratiquent des biopsies à la recherche d’un cancer de la prostate, avec de fortes probabilités d’en trouver un. Maladie très fréquente, les études montrent qu’à 80 ans, presque 80% des hommes ont des cellules cancéreuses dans leur prostate.

 

Des traitements très impactant sur la qualité de vie des hommes

Dans cette étude, après un dosage PSA en 2010, 2,1% des hommes ont eu une biopsie l’année suivante et 1% ont été pris en charge pour un cancer de la prostate. Ainsi parmis ceux présentant un cancer, près de 80% ont eu au moins un traitement spécifique dans les deux années suivantes. Près de 2/3 des 50-64 ans ont eu une prostatectomie et 61% des hommes avec une prostatectomie sans autre traitement spécifique avaient un traitement médicamenteux pour trouble de l’érection et 18% des examens ou traitements évocateurs de troubles urinaires. Des chiffres qui ne font que confirmer ce que de nombreux spécialistes dénoncent depuis plusieurs années, en France on traite encore actuellement trop d’hommes pour un cancer de la prostate alors qu’ils n’en ont pas tous besoin. « Entre 30% à 50% des cancers de la prostate diagnostiqués ont des critères de gravité qui justifieraient une simple surveillance », expliquait le Pr François Desgrandchamps, chef du service d'urologie à l'hôpital Saint-Louis (Paris) à Pourquoi docteur en avril dernier. Une attitude qui serait lourde de conséquences puisqu’environ 10% des patients gardent des séquelles urinaires après une chirurgie. Leur sexualité est également profondément bouleversée : après chirurgie de la prostate, un tiers des hommes serait impuissant et 60 à 80 % le serait après les rayons.

 

Informer sur le risque de surtraitement dès le test PSA

Les spécialistes qui dénoncent le surtraitement estiment qu’il est temps que médecins et patients aient une information claire à la fois sur les risques de séquelles, mais aussi sur le fait que tous les cancers de la prostate ne nécessitent par un traitement en urgence. « Dans le cancer de la prostate, précisait François Desgrandchamps, il y a au moins 2 grands types de cancer, des dangereux et d’autres à évolution très lente. Ces derniers ont des critères précis. Ce sont des cancers avec des PSA en dessous de 10. Un score de Gleason inférieur ou égal à 6. Le score de Gleason évalue l’aspect du cancer au microscope, et si le cancer est agressif, ce score est plus élevé, au-dessus de 7 ».

De plus, lorsque le nombre de biopsies cancéreuses est faible, cela traduit un faible volume tumoral et donc un risque moindre. Les patients présentant ces critères, pourraient donc avoir comme option de traitement, une simple surveillance régulière selon les experts. En effet, des travaux montrent que chez les patients surveillés, au final, environ un tiers d’entre eux seulement, ont besoin d’un traitement.


En conclusion, face aux recommandations d’absence de dépistage, les résultats de cette nouvelle étude sont clairement en faveur d’un surdiagnostic et d’un surtraitement du cancer de la prostate en France. Enfin, la fréquence élevée des troubles urinaires et de l’érection, en particulier après prostatectomie, doit faire partie de l’information précise délivrée au patient en amont de sa prise en charge. Les auteurs concluent : « Idéalement cette information devrait commencer dès qu’est enclenchée la séquence pouvant conduire à un traitement, c’est-à-dire dès le dosage du PSA ». 

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