ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Démence : le tabagisme et les maladies cardiovasculaires affectent différemment les femmes et les hommes

Facteurs de risque

Démence : le tabagisme et les maladies cardiovasculaires affectent différemment les femmes et les hommes

Par Charlotte Arce

Une vaste étude menée sur plus de 70 000 individus montre que le tabagisme et les maladies cardiovasculaires affectent la fonction cognitive. Les effets du tabac sont cependant plus prononcés chez les femmes, tandis que les hommes sont plus touchés par les maladies cardiovasculaires.

designer491/iStock
L'étude à grande échelle (plus de 70 000 volontaires de 18 à 85 ans y ont participé) montre que, si le tabagisme et les maladies cardiovasculaires sont des facteurs de risque de démence, ils n'affectent pas les femmes et les hommes de la même façon.
En matière de déclin cognitif, les effets du tabagisme sont plus prononcés chez les femmes et ceux des maladies cardiovasculaires chez les hommes.
L'étude montre aussi le rôle joué par le tabagisme et les maladies cardiovasculaires dans les contributions vasculaires à la déficience cognitive et à la démence (VCID), qui affectent la mémoire, la pensée et le comportement.

Toutes les trois secondes, dans le monde, un nouveau cas de démence est diagnostiqué, qu’il s’agisse de la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, ou d’une autre pathologie neurodégénérative. Au total, près de 50 millions de personnes sont concernées par le déclin cognitif. Si l’âge en est le principal facteur de risque, il n’est pas le seul : le manque d’activité physique, les régimes alimentaires peu équilibrés, la consommation nocive d’alcool, le tabagisme et les maladies cardiovasculaires sont aussi pointés du doigt par de nombreuses études.

Pour la première fois, une vaste étude menée par des chercheurs du Translational Genomics Research Institute (TGen) à Phoenix, en Arizona, ont étudié l’impact du tabagisme et des maladies cardiovasculaires sur la fonction cognitive. Leurs résultats, publiés dans la revue Scientific Reports, montre que ces deux facteurs de risque influencent différemment femmes et hommes : si les effets du tabagisme sont plus prononcés chez les premières, les seconds voient leurs fonctions cognitives davantage altérées par les maladies cardiovasculaires.

"Ces résultats suggèrent que le tabagisme et les maladies cardiovasculaires ont un impact sur l'apprentissage verbal et la mémoire tout au long de l'âge adulte, dès l'âge de 18 ans, explique Matt Huentelman, professeur de neurogénomique au TGen et auteur principal de l'étude. Le tabagisme est associé à une diminution des fonctions d'apprentissage et de mémoire chez les femmes, tandis que les maladies cardiovasculaires sont associées à une diminution des fonctions d'apprentissage et de mémoire chez les hommes."

Des différences genrées dans les facteurs de risque

Jusqu’à présent, les tentatives de quantifier la fonction cognitive chez les fumeurs et d'évaluer les différences entre les sexes ont donné des résultats mitigés. Ces travaux, menés sur plus de 70 000 personnes âgées de 18 à 85 ans dans le monde entier montrent les différences genrées dans les facteurs de risque de démence. Ils soulignent notamment le rôle joué par le tabagisme et les maladies cardiovasculaires dans les contributions vasculaires à la déficience cognitive et à la démence (VCID pour "Vascular Contributions to Cognitive Impairment and Dementia" en anglais). Résultant d’un accident vasculaire cérébral, les VCID entraînent des modifications importantes de la mémoire, de la pensée et du comportement.

"Les raisons de ces effets de modification du sexe ne sont pas entièrement comprises, souligne Candace Lewis, autrice principale de l'étude. Nos résultats soulignent l'importance de prendre en compte le sexe biologique dans l'étude des contributions vasculaires aux troubles cognitifs et à la démence."

Pour les auteurs, ces résultats sont importants, car le tabagisme reste la principale cause de maladie et de décès évitables, et que les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de maladie et de décès dans le monde. Il s’agit également de deux importants facteurs prédictifs du déclin cognitif et de la démence. Ils font par ailleurs remarquer que peu d'études avaient auparavant évalué les effets des maladies cardiovasculaires chez les jeunes adultes, et que la compréhension de la relation entre les maladies cardiovasculaires et la fonction cognitive chez les jeunes adultes peut être nécessaire pour comprendre les possibilités de traitement et d'intervention.

"Cette étude confirme l'importance de maintenir une bonne santé cardiovasculaire et d'arrêter de fumer, non seulement pour soutenir les soins du cancer, mais aussi pour améliorer les fonctions cérébrales", conclut le Dr Brian Tiep, qui a aussi participé aux travaux.